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"Gilets jaunes" : le nombre de magistrats triplé à Paris pour superviser la vague de gardes à vue

En début de soirée samedi, 920 personnes avaient été interpellées et 619 placées en garde à vue. 

Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le tribunal de grande instance de Paris, aux Batignolles, le 24 mai 2018.  (MAXPPP)

Branle-bas de combat au parquet de Paris. Il a fallu tripler le nombre de magistrats pour superviser la vague de gardes à vue en marge de "l'acte IV" du mouvement des "gilets jaunes" dans la capitale. En début de soirée, samedi 8 décembre, 920 personnes avaient été interpellées et 619 placées en garde à vue. 

>> Suivez en direct "l'acte IV" de la mobilisation des "gilets jaunes" samedi à Paris et dans les grandes villes 

"Quinze magistrats sont présents physiquement au parquet au lieu de cinq pour un week-end normal", indique une source judiciaire à franceinfo. Anticipant un nombre massif de procédures, le parquet de Paris a mis en place un dispositif reposant sur la mobilisation de magistrats et de greffiers supplémentaires. Dispositif qui pourra être adapté tout au long du week-end, en fonction du nombre de dossiers à traiter. 

L'ancien dépôt du tribunal réquisitionné 

Pour pouvoir absorber le flux, un "centre de traitement judiciaire" a été mis en place, dès 9 heures, à l'ex-dépôt du Tribunal de grande instance de Paris, sur l'île de la Cité. Du côté des policiers, les officiers de police judiciaire de la Direction de la sécurité de proximité de l'agglomération parisienne (Dspap) ont été réquisitionnés, pour ne traiter que les gardes à vue dites "gilets jaunes". 

"Une partie des services de PJ sont mobilisés, sous forme d'astreinte, et rappelables au cas où, pour gérer les autres gardes à vue classiques", explique une source policière à franceinfo. 

La majorité des personnes ayant été interpellées pour "participation à un groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations", leur garde à vue ne peut excéder 24 heures renouvelables. La présentation des mis en cause à un magistrat du parquet, en vue de leur éventuelle comparution immédiate devant le tribunal, devrait donc s'échelonner entre dimanche matin et lundi soir, selon le moment de l'interpellation. 

Les avocats de permanence sont eux aussi sur le pont. "Entre 1 500 et 2 000 sont volontaires", indique à franceinfo Benoît Derieux, avocat, qui assurait la permanence les jours suivant la manifestation du 24 novembre à Paris. "C'est chacun son tour", souligne-t-il. Lui avait écopé de "sept dossiers" en comparution immédiate, "contre trois dossiers pour une permanence normale". Maître Papa Mamaille Diockou, également commis d'office à ces dates-là, avait pour sa part géré "six dossiers". "J'avais été appelé en renfort. C'est rare. Mais beaucoup de mes clients ont demandé un délai pour pouvoir être jugés", ajoute-t-il. 

C'est de la défense en urgence, on fait ce qu'on peut. On est formés pour ça, mais on est dans une période exceptionnelle.

Papa Mamaille Diockou, avocat

à franceinfo

"Une infraction fourre-tout"

"La 'participation à un groupement formé en vue de commettre des violences' est une infraction fourre-tout", estime Katia Dubreuil, vice-présidente du Syndicat de la magistrature. "C'est un obstacle à la mobilisation mais la définition de cette infraction est très floue", ce qui donne lieu à "beaucoup de rappels à la loi". "Cela alimente le discours selon laquelle 'la justice est laxiste'", déplore la magistrate. 

Après la journée de mobilisation et de violences du samedi 1er décembre, une centaine de prévenus avaient été présentés devant le tribunal correctionnel de Paris le lundi et au moins 25 le mardi. Un chiffre qui s'annonce plus élévé cette fois-ci, le nombre d'interpellations ayant quasiment doublé.  

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