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Chauffeur routier, ancien journaliste, serveuse... Qui sont les huit porte-parole des "gilets jaunes" ?

Une délégation a été créée dimanche par certains manifestants pour proposer au gouvernement de "revoir à la baisse toutes les taxes" et créer "une assemblée citoyenne". 

Article rédigé par franceinfo
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Priscillia Ludosky, samedi 17 novembre 2018 à Paris, lors de la première journée de mobilisation des "gilets jaunes". (MAXPPP)

Ils s'appellent Priscillia, Eric, Julien ou Thomas. Ils sont membres de la "délégation" de huit "communicants officiels" du mouvement des "gilets jaunes", créée dimanche 25 novembre. Objectif : "engager une prise de contact sérieuse et nécessaire avec les représentants de l'Etat et de son gouvernement", selon leur premier communiqué. Avec "deux propositions principales" : "revoir à la baisse toutes les taxes" et créer "une assemblée citoyenne" pour débattre des thèmes de la transition écologique. Franceinfo a dressé le portrait de ces huit "gilets jaunes", que beaucoup de manifestants ne reconnaissent pas comme leurs représentants légitimes.

Priscillia Ludosky, gérante d'une boutique en ligne de cosmétiques

Cette gérante d'une boutique en ligne de cosmétiques, âgée de 32 ans et originaire de Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne) a lancé une pétition sur Change.orgsignée par près d'un million de personnes, pour demander "une baisse des prix du carburant à la pompe". Une initiative qui date du mois de mai, bien avant que la question du carburant ne devienne l'un des dossiers les plus chauds posés sur le bureau d'Emmanuel Macron.

"Comme tout le monde, je prenais ma voiture et je constatais que le prix de mon plein augmentait sans comprendre pourquoi, expliquait-elle à franceinfo début novembre. Alors j'ai fait des recherches sur internet et j'ai découvert que les deux tiers du prix étaient dus aux taxes. C'est pour dénoncer ça que j'ai lancé ma pétition." Son initiative passe relativement inaperçue, jusqu'à ce qu'elle soit relayée par Eric Drouet.

Eric Drouet, chauffeur routier

Ce chauffeur routier à Melun (Seine-et-Marne), âgé de 33 ans, est le créateur de la page Facebook qui a appelé au blocage national du 17 novembre pour protester contre la hausse des carburants. Avec un collègue, il peste régulièrement sur l'augmentation des carburants et décide de lancer un rassemblement avec son association d'automobilistes, le Muster Crew. "On organisait souvent des réunions de passionnés de voitures où on roulait ensemble. Pour le 17 novembre, l'idée à la base, c'était d'organiser un road-trip sur le périphérique de Paris mais, cette fois, pour dénoncer la hausse des prix", rapporte-t-il à franceinfo début novembre.

Eric Drouet tombe sur la pétition de Priscillia Ludosky, relayée dans un article de La République de Seine-et-Marne, et contacte la jeune femme. "On a décidé de relayer sa pétition sur notre groupe Facebook et d'organiser un mouvement commun, raconte le chauffeur routier. Dès lors, ça a fait boule de neige." Le Parisien relaye l'initiative le 21 octobre et tous les titres de presse reprennent l'info. L'événement Facebook et la pétition explosent. Le mouvement des "gilets jaunes" est né.

Identifié comme l'un des meneurs du mouvement, Eric Drouet est régulièrement interviewé par les médias. Après le premier samedi de mobilisation, il crée avec Priscillia Ludosky un nouvel événement Facebook pour appeler à marcher sur Paris le samedi 24 novembre, rapporte Libération.

Maxime Nicolle, intérimaire

Cet habitant des Côtes-d'Armor est l'administrateur de la page Facebook "Fly Rider infos blocage", un "groupe de soutien et d'information sur le blocage national sans durée débutant le 17 novembre", qui compte 49 000 abonnés. Il s'est fait connaître localement pour avoir appelé à manifester malgré l'interdiction de la mobilisation du 17 novembre à Dinan, rapporte France 3 Bretagne, puis pour avoir été invité à deux reprises sur le plateau de "Touche pas à mon poste" sur C8. Cyril Hanouna le présente alors comme un "intérimaire dans le transport" et un "mécanicien"

Il poste aussi régulièrement des vidéos sur sa page Facebook "Fly Rider", dont la dernière pour annoncer qu'il était membre de la délégation des "gilets jaunes", et s'est rendu à la manifestation sur les Champs-Elysées à Paris, le 24 novembre. S'il est le seul Breton à avoir intégré le porte-parolat, il en reste très contesté localement. Le porte-parole local des "gilets jaunes" en Côtes-d'Armor, Tristan Lozach, met en cause Maxime Nicolle : "On sait que son surnom sur Facebook est Fly Rider mais on ne l'a jamais vu. Personne ne l'a vu. On ne veut pas être représenté par lui, on le rejette complètement", explique-t-il à l'Agence France Presse.

Mathieu Blavier, agriculteur

Mathieu Blavier, 22 ans, est étudiant en droit à la faculté d'Aix-en-Provence, selon son profil Linkedin. Installé à Miramas (Bouches-du-Rhône), il a d'abord obtenu un CAP de mécanicien dans le domaine de l'aéronautique puis a travaillé comme technicien de maintenance chez VSM et chez Airbus.

En 2017, il s'est lancé dans la production de jus de pomme pour financer ses études de droit, raconte le jeune homme à La Provence. Il projette désormais de se lancer dans la production de jus de raisin, pomme-raisin et tomates, selon un nouvel article (PDF) publié en mai 2018 dans le quotidien régional. Difficile d'en savoir plus sur lui : le jeune homme "ne s'est pas encore exprimé dans la presse, y compris locale", note LCI.

Jason Herbert, conseiller prud'homal et ancien journaliste

Ce chargé de communication dans une médiathèque d'Angoulême (Charente), âgé de 26 ans, a travaillé comme journaliste à La Charente libre entre 2012 et 2014, selon son profil Viadeo, avant d'en être licencié. Il poursuit son employeur aux prud'hommes pour "licenciement sans cause réelle et sérieuse" et adhère à la CFDT-Journalistes en 2016, avant d'en intégrer le conseil national, rapporte le syndicat. En janvier dernier, il devient par ailleurs conseiller prud'homal. 

Interrogé sur l'affiliation syndicale de Jason Herbert par Marianne, Maxime Nicolle, un autre porte-parole, assure que "si cet élément se confirme, il ne pourra pas rester porte-parole. On veut à tout prix préserver la neutralité du mouvement. Il n'y a que comme ça que l'on pourra garder notre crédibilité auprès de gens qui se battent tous les jours pour leur survie".  

Sur la question des "gilets jaunes", Jason Herbert assure à Sud-Ouest se positionner "contre toutes formes de blocages et de violences". "On ne peut pas rester trois mois à paralyser le pays, il faut discuter, entrer en négociations." Interrogé par Libération sur sa place sur le terrain, l'intéressé assure aussi que son "rôle consistait à collecter les informations, à les faire remonter et vice versa".

Thomas Miralles, chef d'entreprise et ancien candidat "Bleu Marine"

A 25 ans, Thomas Miralles est le fondateur et dirigeant d'un cabinet de courtage en crédits immobiliers à Perpignan (Pyrénées-Orientales), selon son profil Linkedin. Ce diplômé d'école de commerce a par deux fois été candidat aux élections municipales au Canet-en-Roussillon (Pyrénées-Orientales) a appris franceinfo, confirmant les informations de L'Indépendant. D'abord en 2010, sur une liste Union républicaine, soutenue par le Parti socialiste. Puis en 2014 sous la bannière "Canet Bleu Marine", soutenant alors Marine Le Pen. Une "erreur de jeunesse" selon l'intéressé.

Il est engagé depuis la première heure dans le mouvement des "gilets jaunes", rapporte France 3 Occitanie, qui l'a rencontré à la veille du 17 novembre. "On compte rester dans un esprit pacifiste, le but n'est pas d'aller à l'encontre des forces de l'ordre", assure-t-il alors. A propos de sa désignation dans la délégation nationale des "gilets jaunes", il promet : "On n'est pas des décideurs, on est juste là pour aller dans les médias", évoquant l'organisation de "référendums populaires où tous les citoyens Français pourront s'exprimer".

Marine Charrette-Labadie, serveuse

Depuis qu'elle a déclaré la manifestation du 17 novembre de Brive (Corrèze) en préfecture, cette serveuse de 22 ans a organisé plusieurs actions dans la région de Brive, rapporte L'Opinion. Une première pour la jeune femme, qui confie à Marianne être "plutôt de gauche" mais refuser la récupération politique du mouvement.

Son engagement chez les "gilets jaunes" est mû par son expérience personnelle : "résidant à Voutezac, petite commune située à 25 kilomètres du restaurant où elle travaille, elle dépense chaque mois près de 200 euros de carburant seulement pour aller travailler. 'Sur un smic, c'est énorme !'", raconte ainsi Marianne.

Julien Terrier, auto-entrepreneur à Grenoble

"Natif d'Annecy (Haute-Savoie), cet ancien membre de l'armée de l'air a travaillé dans plusieurs secteurs, du bâtiment au commerce, avant de créer sa propre entreprise de rénovation et dépannage", rapporte Le Figaro. Mais l'entreprise de ce porte-parole des "gilets jaunes" à Grenoble, lancée au début de l'année, tourne au ralenti depuis qu'il multiplie les réunions pour structurer l'action du mouvement localement, assure l'Agence France Presse.

Le jeune homme, qui indique avoir été contacté par différents mouvements politiques, affirme aussi n'appartenir "à aucun parti" et dénonce "la volonté de récupération" de l'extrême droite. Sans attendre le discours d'Emmanuel Macron mardi 27 novembre, il se prononce déjà pour la manifestation du 1er décembre, relate France 3 Auvergne-Rhônes-Alpes

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