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"Ca va compliquer le travail sur le terrain" : des journalistes critiquent l'invitation de "gilets jaunes" dans les locaux de "La Provence"

Certains membres du journal régional n'ont guère apprécié l'invitation de Bernard Tapie à organiser une réunion de "gilets jaunes" au sein de "La Provence".

Article rédigé par franceinfo
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Des journalistes devant la Provence, le 20 décembre 2012 (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

Surprenant mélange des genres ? A l'invitation de Bernard Tapie, propriétaire du titre, quelques dizaines de "gilets jaunes" se sont réunis, samedi 5 janvier, dans les locaux techniques de La Provence, situés près de l'imprimerie du journal à Marseille. Une idée qui n'a pas été du goût de certains membres de la rédaction, qui "n'a pas apprécié d’être mise devant le fait accompli", assène le journaliste Eric Breton, délégué SNJ du quotidien régional, contacté par franceinfo.

"Ce n’était pas le rôle du journal d’accueillir cette réunion", s'agace-t-il. "Que Bernard Tapie ait de la sympathie pour les 'gilets jaunes' à titre personnel, ça le regarde. Mais qu’un amalgame soit fait entre une position personnelle de Bernard Tapie et le journal 'La Provence', c’est gênant."

Des risques d'amalgames gênants, selon le journaliste

"La rédaction de 'La Provence' est atterrée, c'est un mélange des genres hallucinants", a également réagi Sophie Manelli, élue du Syndicat national des journalistes, auprès de l'AFP. "Un journal indépendant et apolitique ne peut pas servir de base logistique à un mouvement politique. C'est incompatible."

Eric Breton s'inquiète surtout de l'image renvoyée aux lecteurs et aux futurs interlocuteurs des journalistes. D'autant que si une "cinquantaine de 'gilets jaunes' ont pu entrer (...) ils n'ont pas été jugés représentatifs du mouvement" par les manifestants restés dehors, poursuit-il. A l'extérieur du journal, d'autres "gilets jaunes" ont d'ailleurs protesté contre la tenue de cette réunion par des sifflets.

"Ca va compliquer la tâche des journalistes sur le terrain sur la question des Gilets jaunes, estime-t-il. Si on se présente comme un journaliste de La Provence et qu’un des manifestants dit 'vous ne nous avez pas laissé entrer', qu’est-ce qu’on fait ? Le journalisme, c’est aussi une question de confiance entre les journalistes et ses interlocuteurs." Autant dire qu'il espère que cette réunion était la dernière du genre : "On peut évidemment souhaiter que ça ne se renouvelle pas et que la rédaction de La Provence puisse continuer à faire son travail dans la sérénité".

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