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Revoir la croissance à la baisse : effrayant… mais inéluctable

Les prévisions de croissance devraient être revues à la baisse dans les prochains jours. Une perspective qui tourmente l'Elysée et Matignon au plus haut point.

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, quitte le palais de l'Elysée (Paris), le 5 juin 2012. (BERTRAND LANGLOIS / AFP)

ECONOMIE - C'est une question de jours. Bien malgré lui, le gouvernement s'apprête à annoncer que la croissance pour l'année 2013 sera plus faible que celle initialement pronostiquée. Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a ouvert la porte à une telle perspective, lundi 27 août sur France 2 : "Je regarde la réalité en face. Il y a une baisse de la croissance partout, même en Allemagne. Il faudra donc faire un budget honnête, sincère, réaliste." Autrement dit, il faudra trouver plus de recettes et/ou réduire les dépenses pour rester dans les cordes.

A l'automne 2011, le gouvernement Fillon disait "croire dur comme fer" à une croissance de 1,75% pour 2012. Mais au fil des mois, le chiffre s'est effrité. En avril, François Hollande ne tablait plus que sur une croissance de 0,5% pour 2012, et de 1,7% en 2013 pour financer son projet présidentiel. Nicolas Sarkozy, lui, misait sur une progression de 0,7% puis de 1,75%. Cinq mois plus tard, les prévisions se sont encore dégradées. Début juillet, le gouvernement a déjà ramené sa prévision à 0,3% en 2012 et 1,2% en 2013. Un chiffre qui devrait encore être revu à la baisse dans les prochains jours !

Le gouvernement craint de plomber le moral des Français

De combien ? Pour l'instant, Jean-Marc Ayrault et ses ministres refusent de le dire, par peur de "démobiliser (…) l'ensemble des acteurs de la société", a expliqué lundi le Premier ministre. Autrement dit, Matignon redoute… de plomber le moral des ménages et des entreprises. 

Le gouvernement sait en effet que plus la prévision de croissance sera revue à la baisse, plus il lui faudra augmenter les impôts ou tailler dans les dépenses pour réussir à ramener le déficit sous la barre des 3%, comme Bruxelles le réclame et comme François Hollande s'y est engagé pendant la campagne. "C'est notre devoir, pour assurer notre souveraineté, pour ne pas être dans la main des marchés financiers", a réaffirmé le chef de l'Etat, vendredi 31 août. Problème : chaque dixième de point de croissance en moins, c'est un milliard d'euros que l'Etat doit trouver ailleurs.

C'est peu dire que les prévisions des économistes sont, en la matière, inquiétantes : loin des 1,2% de croissance prévus actuellement, elles tournent actuellement autour de 0,5%. Un brin plus optimiste, Bercy aimerait tabler sur une prévision à 0,8 ou 0,9%. Des arbitrages, périlleux, vont donc devoir être décidés au cours des prochains jours. Hollande promet qu'ils seront faits "dans la justice". Le chef de l'Etat prendra-t-il des mesures suffisament courageuses, au risque de voir sa popularité baisser un peu plus ? Le verdict est attendu en conseil des ministres au cours de la deuxième quinzaine de septembre.

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