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Comment faire pour acquérir un (vrai) Banksy ?

Pas un jour sans que l’on ne parle de Banksy, le “street artist” le plus cher du monde, actuellement en résidence à New York. Fresques dégradées, vendues ou volées, tout le monde veut son bout de Banksy...

Article rédigé par Elodie Drouard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Un employé redresse le tableau de Banksy "Balloon Girl", présenté au public avant d'être mis aux enchères à Londres (Royaume-Uni), le 2 février 2007. (LUKE MACGREGOR / REUTERS)

Le marché de l’art se porte à merveille et celui du street art lui emboîte le pas. Preuve en est l’engouement pour la résidence new-yorkaise de Banksy, l’artiste le plus connu d’une scène regroupant graffeurs et autres peintres urbains. Tout le monde veut voir le nouveau Banksy, poser devant le nouveau Banksy, traquer Banksy dont personne ne connaît la véritable identité ou, Graal suprême, posséder un Banksy. Francetv info vous livre quelques conseils pour devenir l'heureux détenteur d'une œuvre d'un des artistes vivants les mieux cotés au monde.

Voler une œuvre dans la rue

L’avantage avec un street artist, c’est que, par définition, ses œuvres se trouvent dans la rue. Depuis plus de vingt ans, le mystérieux Banksy recouvre les murs de la planète (mais surtout de Londres) de ses graffitis mi-poétiques, mi-subversifs réalisés au pochoir. Revers d’une notoriété croissante, certaines de ses œuvres ont aujourd'hui mystérieusement disparu. En février 2013, les habitants de Haringey, un quartier au nord de Londres, se sont réveillés avec un carré de béton frais en lieu et place de “leur” Bansky, raconte France Info. Peu de temps après, c’est dans une vente aux enchères à Miami (Floride, Etats-Unis) que l’œuvre est retrouvée, estimée entre 350 000 et 500 000 euros. Si la vente a finalement été annulée, on ne sait toujours pas ce qu’il est advenu du désormais célèbre Slave Labour.

"Slave Labour" sur un mur du nord de Londres, le 6 juillet 2012. (HARINGEY COUNCIL / AFP)

Le pan de mur sur lequel se trouvait l'oeuvre de Banksy, "Slave Labour", a été découpé et comblé avec du béton à Londres (Royaume-Uni), le 20 février 2013. (NEIL HALL / REUTERS)

Attention toutefois à ne pas se faire prendre. Vendu sur eBay en 2011, Sperm Alarm avait permis à son vendeur d’empocher la coquette somme de 21 000 euros… avant de se voir rattrapé par la justice, relate Libération. Il a finalement été condamné à une peine de neuf mois de prison avec sursis et 240 heures de travaux d’intérêt général. L’œuvre, elle, court toujours... Moralité : un Banksy volé n’est point fait pour être refourgué.

D’autant que cette méthode pourrait être de plus en plus difficile à mettre à exécution. A New York, où l’artiste a posé ses valises et ses bombes de peinture ce mois d’octobre, des grilles et des vigiles protègent désormais quelques-unes de ses œuvres récemment installées afin que celles-ci ne soient pas dégradées, raconte Le Monde (lien abonnés). Et c’est compter sans la police, soucieuse de mettre enfin la main sur ce graffeur, accusé de vandalisme par le maire de la ville himself. Pour vous aider dans votre tâche, le site Steal Banksy NY propose une carte des récentes créations de l’artiste à New York, indiquant pour chacune leur état de conservation.

Une foule de badauds se presse devant de récentes œuvres de Banksy protégées par un vigile à New York (Etats-Unis), le 18 octobre 2013. (MICHAEL LOCCISANO / GETTY IMAGES)

Un conseil, soyez rapide. Le Daily Mail (lien en anglais) raconte que l'une des dernières œuvres de l'artiste, une réplique postmoderne du Sphinx reconstituée en plein Bronx, a été enlevée à peine quelques heures après avoir été découverte.

Acheter une œuvre aux enchères

Le 5 décembre, Flower Girl, un pochoir représentant une petite fille devant une immense plante dont la fleur a été remplacée par une caméra de surveillance à queue de rat, et initialement réalisé sur le mur d’une station-service d’Hollywood, sera mis aux enchères à Beverly Hills (Californie, Etats-Unis). Compte tenu de la cote de l’artiste, il vous faudra débourser plusieurs centaines de milliers d’euros pour espérer remporter l’objet, le record étant détenu par Keep It Spotless, une peinture de Banksy adjugée aux enchères à New York en 2008 pour 1,23 million d'euros.

Si Banksy n’a jamais voulu commenter dans les médias ces ventes faramineuses (dont il ne touche pas un centime, les œuvres ayant été volées), il se dit, comme Matisse, désormais "condamné à ne plus jamais peindre que des chefs-d’œuvre"D’après une enquête du Times, plus d’une vingtaine de ses œuvres seraient aujourd’hui dans le circuit des enchères internationales.

"Flower Girl" de Banksy sur le mur d'une station-service à Los Angeles (Californie, Etats-Unis) avant qu'elle ne soit découpée, le 13 août 2013. (JULIEN'S AUCTION / REX / SIPA)

Mais attention, malgré la somme astronomique déboursée (le site Art Value recense toutes les ventes passées des œuvres de l'artiste), n'espérez pas pour autant posséder un Banksy “authentique”. En effet, selon Les Inrockuptibles, les collaborateurs de Banksy ont toujours refusé d’authentifier ses œuvres lors des précédentes ventes aux enchères. De son côté, l’artiste a mis en place son propre service d’authentification, baptisé Pest Control, qui est la seule structure habilitée à vendre ses œuvres. Moralité : un Banksy acheté n’est point sûr d’être authentifié.

Deux employés de chez Bonhams présentent le tableau de Banksy "Love is in the Air", avant d'être mis aux enchères à Londres (Royaume-Uni), le 24 juin 2013. (FRANK AUGSTEIN / AP / SIPA)

Acheter une œuvre dans la rue

Le 12 octobre, aux abords de Central Park (New York, Etats-Unis), Banksy installe un stand où ses toiles les plus célèbres sont vendues 60 dollars pièce (44 euros). Et comme l’homme est taquin et friand de happening, rien n’indique que ces pochoirs sont de Banksy (il ne signe jamais ses œuvres). Le résultat est consternant. Seuls quelques badauds consentent à lâcher quelques dizaines de dollars (après marchandage) pour des œuvres qui en valent plus de cent fois plus. Selon Libération, sur son trottoir, Banksy lui, a empoché 309 euros alors qu’il aurait pu vendre ces mêmes œuvres pour environ 23 000 euros !

Attention toutefois à ne pas vous jeter sur le prochain pochoir Banksy like au pied du métro Barbès-Rochechouart. Car de petits malins ont déjà trouvé la combine. Une semaine après la performance de Banksy, deux artistes américains ont posté un stand au même endroit en proposant à la vente de faux Banksy. Grazia raconte que les 40 toiles ont été écoulées dans la journée. Moralité : un Banksy acheté ne vaut que s’il est acquis avec naïveté.

Acheter un appartement avec “vue sur un Banksy”

Flairant le bon filon, un promoteur immobilier de Bristol (Royaume-Uni), ville dont serait originaire Banksy, proposera bientôt, autour de The Mild Mild West, un pochoir représentant un nounours blanc lançant un cocktail Molotov vers des policiers, un complexe de bureaux et boutiques. Selon Rue89, l’œuvre, apposée sur une maison, est désormais protégée par un panneau de verre. Certes, vous ne posséderez pas vraiment un Banksy, mais voir un Banksy depuis son lit pourrait bientôt valoir plus cher qu’une vue sur la tour Eiffel. Au fait Banksy, tu viens quand à Paris ?

Un chien urine sur une création de Banksy à New York (Etats-Unis), le 3 octobre 2013. (MIKE SEGAR / REUTERS)

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