"Sentiment d'injustice", "objectifs intenables" : le personnel navigant et au sol d'Air France appelé jeudi à la grève
De nombreux vols sont annulés, jeudi, chez Air France en raison d'un appel à la grève de dix syndicats. Ils réclament une hausse générale des salaires de 6 % et dénoncent les conditions de travail.
Le trafic risque d'être très perturbé chez Air France, jeudi 22 février : dix syndicats de pilotes, de personnels navigants et au sol appellent à la grève pour réclamer des augmentations de salaire de l'ordre de 6 %,
Le mouvement s'annonce suivi. Selon ses prévisions publiées mercredi par Air France, la compagnie prévoit d'assurer au total "75% de son programme de vols compte-tenu d'un taux de grévistes estimé à 28% pour cette journée". Dans le détail, seule la moitié des vols long-courriers au départ de Paris seront assurés, tout comme les trois-quarts des moyen-courriers au départ et vers l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle, ainsi que 85% des vols court-courriers.
Manque de reconnaissance
Le personnel au sol, les hôtesses et stewards et les pilotes, tous expriment la même exaspération : 15 000 postes supprimés en huit ans au sein de la compagnie, des efforts de productivité fournis et aucune reconnaissance à la clé. "Il y a eu cinq plans de départs volontaires successifs et, au niveau du sol, plus de 10 000 personnes nous ont quittés, rappelle Christophe Maloggi, secrétaire général du syndicat FO Air France au sol. L'activité d'Air France est restée la même, donc la productivité a été énorme et, là-dessus, les salariés, au quotidien, ont des conditions de travail dégradées et des objectifs qui ne sont pas en corrélation avec les moyens qu'on leur donne."
Pour ce syndicaliste, au-delà des revendications salariales, "cette journée est aussi une journée pour montrer le mécontentement des conditions de travail" et "un sentiment d'injustice lancinant". Les salariés n'ont pas non plus apprécié le départ d'une directrice, "qui a touché plus de 675 000 euros", raconte Christophe Maloggi.
Les mêmes personnes qui nous disaient qu'il fallait faire des efforts, qu'il fallait absolument baisser la masse salariale, quand ça les concernait, ce n'était pas toujours la même chose.
Christophe Maloggi, secrétaire général FO Air France au solà franceinfo
Il y a aussi l'affront ressenti avec le projet phare d'Air France : Joon et ses vols branchés à petits prix. Celui-ci ne tourne pas avec le personnel maison, mais avec une filiale spécifique. "C'est une humiliation pour les salariés, parce que ça signifie qu'en interne, à la maison mère, celle dont on a célébré les 80 ans, on ne sait pas s'adapter, on ne sait pas faire d'efforts, déplore François Hamant, commandant de bord et membre du syndicat Alter. Or, le vécu quotidien des salariés, quels qu'ils soient, est le même. On ne reconnaît pas les efforts que nous avons su faire, tous, collectivement."
Un projet d'accord qui ne passe pas
Dans ce contexte, l'intersyndicale demande une augmentation de salaire de l'ordre de 6 %. La direction, elle, a mis sur la table un projet d’accord prévoyant une augmentation générale de 1 %, versée en deux temps, une revalorisation des indemnités kilométriques et une enveloppe d’augmentations individuelles de 1,4 % pour les agents au sol. Le directeur général d'Air France, Franck Terner, argumente que c'est la première augmentation générale des salaires depuis 2011. Il rappelle aussi l'accord d'intéressement aux bons résultats financiers de l'entreprise, signé en 2017.
Ce n'est pas suffisant pour les organisations syndicales, mais Franck Terner préfère prévenir que les revendications ne seront pas satisfaites : "6% d'augmentation de rémunération, cela représente 240 millions d'euros, 40% du résultat d'Air France."
6% d'augmentation, je pense que c'est déraisonnable.
Franck Terner, directeur général d'Air Franceà franceinfo
"En tout état de cause, Air France n'en a pas les moyens", assure-t-il. La direction ajoute qu'aucun dividende ne sera versé aux actionnaires d'Air France cette année encore.
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