Conseil national de la refondation : "Ça fleure bon l'escroquerie", juge la CFE-CGC
Si le syndicat participera bien au CNR, son président François Hommeril ne voit pas comment cette initiative d'Emmanuel Macron permettra d'avancer sur des réformes de société.
"Ce Conseil national de la refondation, ça fleure bon l'escroquerie", a lâché mercredi 31 août sur franceinfo François Hommeril, président de la CFE-CGC, (Confédération française de l'encadrement - Confédération générale des cadres). Malgré tout, le syndicat répondra favorablement à l'invitation du président de la République contrairement à la majorité des partis de l'opposition (Nupes, RN et LR) qui n'entendent pas y participer. Emmanuel Macron lance le CNR le 8 septembre prochain, l'idée phare de sa campagne présidentielle, pour permettre de faire avancer des réformes de société, comme notamment la santé et l'éducation. François Hommeril ne voit pas ce que ce "gloubi-boulga va apporter" à "notre démocratie qui est bien fatiguée par l'attitude du gouvernement vis à vis des corps intermédiaires".
franceinfo : Allez-vous appliquer la politique de la chaise vide ?
François Hommeril : Ce n'est pas trop l'usage chez nous de faire la chaise vide. Donc, effectivement, je vais y aller. Je ne sais pas encore avec qui ou dans quelles conditions. Vous m'auriez posé la question de ma motivation la semaine dernière, j'aurais été un peu entre deux eaux, un peu dubitatif. Mais après ce qu'on a vu du projet de loi qui est présenté, notamment sur l'assurance chômage, ce CNR, ça fleure bon l'escroquerie. Il faut dire les choses. Il ne faut pas manquer de souffle pour faire tout un battage autour de cette refondation, d'une nouvelle méthode... Et de continuer la dégradation dans la façon de considérer les organisations syndicales. Cela se voit de façon extrêmement précise dans le projet qui a été envoyé, dont le premier article consiste à dire à propos de l'assurance chômage : "On fera ce qu'on veut, on le fera par décret et on a jusqu'à la fin décembre 2023 pour le faire. Et de toute façon, ce que font les syndicats, on s'en fout."
Qu'est-ce qui différencie le CNR du Conseil économique et social, par exemple, que nous connaissons aujourd'hui ?
Il fait d'ailleurs un bon boulot. Il est assez peu pris en compte par le gouvernement. Mais ce n'est pas d'aujourd'hui. Les rapports sont plutôt de bonnes qualités. Les avis sont bons et sont motivés. Puis, le gouvernement s'en est toujours foutu du Conseil économique et social. Je ne vois pas en quoi effectivement créer une forme supplémentaire, une espèce de gloubi-boulga va apporter quelque chose à notre démocratie qui est bien fatiguée par l'attitude du gouvernement vis-à-vis des corps intermédiaires. Ce sont des signes quand même un peu plus forts qu'on attend, et notamment le fait de respecter les partenaires sociaux dans leur capacité à négocier entre eux des accords, à négocier l'évolution de la norme sociale, à négocier et discuter sur des questions économiques, sur le partage de la valeur. On en est quand même bien loin. Le CNR, c'est quand même un objet de communication, c'est tout.
Ce CNR n'a aucune utilité, selon vous ?
C'est quelque chose qui a été créé au moment des élections pour pouvoir un peu faire le buzz. Maintenant, les élections sont passées. Le contexte politique est comme il est. Il faut essayer quand même de faire fonctionner un peu le bidule. Mais la vérité est que personne n'y croit. La communication, c'est très bien. Moi aussi, j'en fais, tout le monde en fait, mais il faut avoir quelque chose à dire de sérieux. Il faut un projet politique derrière et là, en l'occurrence, on ne comprend pas très bien le projet. Il n'y a aucune cohérence entre le discours, ce qui pourrait paraître être un engagement, et la réalité du fonctionnement du gouvernement en cette rentrée.
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