Fausses promotions sur Internet : "On peut se laisser berner par un faux prix de référence", selon l'UFC-Que Choisir
Franck Attia, rédacteur en chef adjoint à l'UFC-Que Choisir, a réagi, jeudi sur franceinfo, à l'annonce de la condamnation de dix-neuf entreprises d'e-commerce, dont Amazon, pour fausses promotions.
Dix-neuf entreprises d'e-commerce, dont Amazon, ont été verbalisées pour pratiques commerciales trompeuses. C'est le résultat de l'enquête menée par la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Ces entreprises ont été condamnées à des amendes d'un montant total de 2,4 millions d'euros.
Pour éviter ces fausses promotions, il faut faire évoluer la réglementation "pour rendre obligatoire l'affichage du prix de référence et sa justification", a réagi Franck Attia, rédacteur en chef adjoint à l'UFC-Que Choisir, jeudi 23 février sur franceinfo.
franceinfo : Ces condamnations sont-elles surprenantes ?
Franck Attia : Ce n'est pas étonnant. En 2015, la loi sur la réglementation française encadrant les rabais promotionnels a été abrogée. Depuis, ce vide réglementaire profite aux commerçants, car il leur laisse une totale liberté dans le calcul des rabais qu'ils affichent. Concernant les promotions, on peut s'approcher de l'arnaque et se laisser berner par un faux prix de référence qui ne correspond pas souvent à la réalité. Le prix de départ est artificiellement gonflé pour faire croire à un rabais plus important.
Quelles sont les grandes arnaques à éviter ?
Les fausses promotions sont courantes. C'est un modèle économique pour certains sites marchands. On se rend compte que, dans 80% des cas, la réalité n'a pas de base solide. C'est au client de faire attention. Il faut aller sur différents sites en comparant le prix de référence, comparer les prix définitifs et comparer en magasin physique. Il faut s'atteler à faire sur Internet ce qu'on fait dans des magasins physiques. En comparant, on se rend compte que des produits qui valent 500 euros, ne peuvent pas valoir, d'un seul coup, 250 euros.
Est-ce facile de sanctionner des sites qui se livrent à des pratiques commerciales malhonnêtes ?
Non. En tant que particulier, on doit entrer dans une phase de litige avec un commerçant bien plus puissant et aguerri. Pour autant, c'est un mauvais calcul de la part des sites de commerce sur le long terme. On remarque que le marché se contracte. Le nombre d'acteurs se réduit. Les clients finiront par ignorer ceux qui ne les respectent pas et ne respectent pas la loi non plus. Il y a quelques leaders qui sont en train de se prendre des amendes, même si le montant n'est pas si important par rapport au chiffre d'affaires. C'est à peine une mise en garde pour des sites qui réalisent des milliards à l'international. Cela va les faire un petit peu bouger. À partir d'un moment, les clients ne croiront plus à ces fausses promotions.
Quels sont les recours pour les clients ?
C'est très compliqué de prouver que la référence est fausse. Aujourd'hui, la réglementation doit évoluer pour rendre obligatoire l'affichage du prix de référence et sa justification. Sinon, se battre contre ces e-commerçants, c'est très compliqué. D'autant que certains sites sont basés à l'étranger. Il faut vraiment préférer les marchands basés en France. Dans le cas contraire, le client va avoir des droits de douanes à payer. En cas de litige, les recours n'auront aucune chance d'aboutir, sans parler des problèmes de garantie et de sécurité de ces produits achetés hors de l'Union européenne.
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