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Risque industriel : où sont les régions dangereuses ?

La France compte un peu moins de 650 industries classées dangereuses. Certaines régions sont plus concernées que d'autres. Tour d'horizon.

Article rédigé par Damien Brunon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le site pétrochimique de Fos-sur-Mer, près de Marseille, dans les Bouches-du-Rhône. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

Raffineries, usines chimiques, industries pharmaceutiques... Il existe en France près de 650 installations classées Seveso seuil haut, la catégorie la plus dangereuse, par le ministère de l'Ecologie. Quelles sont les régions les plus à risques ? Francetv info fait le point avec plusieurs spécialistes.

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Paris : la capitale encerclée

Installés depuis le XIXe siècle le long de la Seine et de la Marne, les dépôts pétroliers et les industries chimiques entourent la capitale. "Ils se sont mis au niveau de la petite couronne parce que c'est là où se trouvaient les bassins d'emploi", explique à francetv info Sandrine Glatron, chargée de recherche au CNRS et spécialiste de cette région.

Le problème c'est que progressivement, les villes ont rattrapé les usines et les ont englobées. "C'était le cas à Toulouse, c'est le cas à Paris", ajoute la chercheuse. Et même si les industries ont tendance à fuir les prix fonciers exorbitants, les dépôts pétroliers ne s’éloignent pas : il faut rester proche du bassin de consommation parisien.

Bouches-du-Rhône : le cocktail explosif

En 1928, Shell décide d'installer une raffinerie sur les bords de l'étang de Berre, au nord-ouest de Marseille. Rognac, Vitrolles, Marignane, Istres, Martigues, progressivement, les zones industrielles pullulent dans la région. Viendront ensuite la centrale électrique de Saint-Chamas et le complexe sidérurgique de Fos-sur-Mer.

"C'est un concentré de tous les dangers", explique Anne Lalo, maître de conférences à l'université de Nice contactée par francetv info. "En 1992, une catastrophe a tué six personnes à la raffinerie Total, elle est toujours ouverte." Selon elle, le bassin industriel est vieillissant et les industries cumulent les dangers. "A mon avis, AZF était moins vétuste que certaines usines de l'étang", assène-t-elle.
Le site pétrolier de la Mède, sur le bord de l'étang de Berre, dans les Bouches-du-Rhône. (GERARD JULIEN / AFP)

L'estuaire de la Seine : la région pétrolière

Découpée en trois pôles, la Haute-Normandie concentre ses industries à risques à côté de Rouen, de Notre-Dame-de-Gravenchon et du Havre. "Ces zones sont liées parce qu'elles relèvent toutes de la pétrochimie. A Rouen, il y a la même production qu'il y avait à AZF par exemple, et ces usines sont quasiment dans la ville", précise à francetv info Emmanuel Bonnet, spécialiste de cette région.

Les raffineries de Shell et de Exxon se trouvent à Notre-Dame-de-Gravenchon, celle de Total au Havre. "C'est l'une des plus grosses raffineries d'Europe, elle fait presque cinq kilomètres de long. Autour, il y a d'autres usines de pétrochimie comme Goodyear ou Lubrizol. Et au milieu, il y a les 1 500 employés de Renault", ajoute ce maître de conférences de l'université de Caen. 

Lyon : le couloir de la chimie

Sur dix kilomètres au sud de l'agglomération lyonnaise, les industries chimiques s'alignent au bord du Rhône et de l'autoroute A7. Historiquement liée à l'industrie textile et à l'enseigne Sanofi, cette zone a été marquée par l'explosion de la raffinerie de Feyzin en 1966, lors de laquelle 18 personnes avaient trouvé la mort.

"Nous sommes en présence d'un exemple remarquable de 'complexe industriel' des années 1960 et 1970. Une concentration géographique d'établissements reliés entre eux par les multiples embranchement ferroviaires, conduites aériennes et souterraines", explique Jacques Donze, ancien maître de conférences à l'université Lyon-III.

Le "couloir de la chimie" de la région lyonnaise est installé le long du Rhône et de l'autoroute A7. (PASCAL GEORGE / AFP)

Alsace : l'industrie vieillissante

Trois problématiques se superposent dans cette région. Les usines chimiques qui s'étaient développées avec le commerce du tissu vieillissent très mal, et sont en mauvais état. C'est particulièrement le cas dans le sud du Haut-Rhin.

"Il faut ajouter à cela le risque sismique très fort dans la région. En 1356, un séisme terrible a rasé la ville de Bâle, de l’autre côté de la frontière en Suisse", explique Elise Beck, maître de conférences à l’université de Grenoble. Ce qui nous amène au troisième problème : aujourd’hui, Bâle a énormément d’industries pharmaceutiques à risques. "Il faut espérer qu'elles tiendront pour le prochain séisme", conclut la spécialiste.

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