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Vidéo Réforme des retraites : "Il y a une colère sociale puissante qui cherche les moyens de s'exprimer", affirme Axel Persson, de la CGT Cheminots

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Temps de lecture : 3min
Article rédigé par franceinfo, Manon Mella
Radio France
Invité du "Talk franceinfo", le conducteur de train et responsable syndical estime que cette contestation ne cesse de grandir depuis 2006 et le mouvement contre le CPE. L'enjeu pour la CGT est, selon lui, "d'unir" les salariés, du public et du privé et de définir "un cap".

Le mouvement d'opposition à la réforme des retraites illustre-t-il un retour en force des organisations syndicales en France ? "Je ne pense pas que les syndicats ont disparu, estime Axel Persson, secrétaire général de la CGT Cheminots de Trappes (Yvelines), lundi 6 mars à la veille d'une nouvelle journée de grève et de manifestations. "Ces 15, 20 dernières années, malgré le recul du mouvement ouvrier, poursuit-il, on observe, à échéance assez régulière des luttes puissantes, certaines qui gagnent, d'autres non", explique-t-il.

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Invité du Talk franceinfo, le conducteur de train cite notamment le CPE en 2006, la réforme des retraites de 2010, la loi Travail en 2016, les "gilets jaunes" en 2017 ou plus récemment la grève des cheminots en 2019.

Selon Axel Persson, chaque contestation sociale vient en quelque sorte "alimenter la suivante" : "Là, on est en 2023, et on observe qu'il y a à nouveau une grève très puissante qui est déjà en cours. Ce qui a changé ces dernières années, ce que je vois, c'est qu'il y a une colère sociale puissante qui cherche les moyens de s'exprimer et de s'organiser. Parfois, cette réponse s'incarne sous la forme des syndicats", pour le secrétaire général de la CGT de Trappes. 

"L'inscription dans la durée ne va pas de soi"

Les syndicats, qui ont rarement été aussi unis - ils ont notamment appelé d'une même voix à une grève reconductible à la SNCF - sont dans une " situation contradictoire", analyse Karel Yon, sociologue et spécialiste du syndicalisme, invité du Talk.

"Le syndicalisme est capable de montrer dans des moments un peu exceptionnel comme ça toute sa force de mobilisation. Aucun autre mouvement social n'est capable de faire ça, n'importe quelle association, n'importe quel parti politique n'a pas la représentativité sociale du syndicalisme aujourd'hui, explique le chercheur de l'université Paris-Nanterre et du CNRS. Mais l'inscription dans la durée de cette mobilisation, la question-clé pour que le mouvement triomphe, ça ne va pas de soi parce que la reconduction de la grève ça implique des moyens militants, des ressources monétaires et c'est un problème qui va se poser."

Même si la CGT et la CFDT ont connu un boom des adhésions en ce début d'année, "il y a beaucoup de secteurs dans le privé - dans le commerce, la restauration, par exemple, où les taux de syndicalisation sont très faibles", nuance Karel Yon. "Il y a des conditions d'emploi qui ont beaucoup changé, ça coûte de faire grève, parfois ce n'est pas possible parce que quand on est en CDD, par exemple, c'est aussi se faire mal voir de son employeur".

Pour Axel Persson, tout l'enjeu, dans les semaines et mois à venir est d'arriver à "trouver un cap, une stratégie et des méthodes de lutte communes" afin d' "unir" les salariés "par-delà les différences de statut - public, privé, petite entre prise, grande entreprise". 

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