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Ce que l'on sait de la tentative d'intrusion de manifestants dans un théâtre parisien, où Emmanuel Macron était présent

Plusieurs dizaines de personnes ont essayé de pénétrer dans l'enceinte des Bouffes du Nord, vendredi soir. Le chef de l'Etat, qui assistait à une représentation avec son épouse, a dû être mis à l'abri quelques minutes.

Article rédigé par Raphaël Godet
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Des manifestants font face aux forces de l'ordre, le 7 janvier 2020, devant le théâtre des Bouffes du Nord. (LUCAS BARIOULET / AFP)

La soirée au théâtre du couple présidentiel ne s'est pas déroulée comme prévu. La représentation de La Mouche à laquelle assistaient Emmanuel Macron et son épouse au théâtre des Bouffes du Nord (Paris), a été perturbée par des manifestants, vendredi 17 janvier. Le chef de l'Etat a dû être mis à l'abri quelques minutes, avant de pouvoir regagner son siège. Franceinfo vous résume ce qu'il s'est passé.

La présence du chef de l'Etat annoncée sur Twitter

La venue d'Emmanuel Macron au théâtre parisien vendredi n'était évidemment pas inscrite à l'agenda présidentiel mais ça n'a pas empêché l'information de fuiter. C'est ce que laisse entendre un premier tweet publié à 20h46 (supprimé depuis) par le comité de grève du 12e arrondissement de Paris. Le message propose d'accueillir le chef de l'Etat "comme il se doit."

Capture d'écran d'un tweet publié le 17 janvier 2020, supprimé depuis. (TWITTER)

Quelques minutes plus tard, c'est le journaliste militant Taha Bouhafs qui signale à son tour la présence du président de la République. "Je suis actuellement au théâtre des Bouffes du Nord (Métro La Chapelle). Trois rangées derrière le président de la République. Des militants sont quelque part dans le coin et appelle [sic] tout le monde à rappliquer. Quelque chose se prépare... la soirée risque d'être mouvementée", écrit-il juste avant le début de la représentation.

Assis trois rangées derrière le couple présidentiel, Taha Bouhafs a ensuite demandé à ses abonnés s'il devait ou non lancer ses chaussures sur le président, à l'image du geste d'un journaliste irakien contre le président américain George W. Bush en 2008. "Je plaisante (...), la sécu me regarde bizarre là", a-il ensuite précisé.

Des manifestants tentent de pénétrer dans l'enceinte

D'abord réunis devant l'enceinte, plusieurs dizaines d'opposants au président de la République essaient d'entrer à l'intérieur. Les manifestants scandent des slogans, chantent... Vers 22 heures, un petit groupe parvient à pénétrer dans le hall, sans atteindre la salle où a lieu la représentation, avant d'être rapidement expulsés. 

"On était à l'université Paris 7 pour une université populaire, quelqu'un a reçu un message indiquant que Macron était là, donc on est venus pour montrer qu'on est présents, qu'il y a une contestation contre la réforme des retraites mais pas seulement", a expliqué à l'AFP l'un des manifestants. 

Emmanuel Macron mis à l'abri temporairement

Le chef de l'Etat et son épouse sont mis à l'abri pendant quelques minutes, avant de regagner leur siège pour assister à la fin de la représentation. Selon le témoignage d'une employée du théâtre recueilli par LCI, "la mobilisation est arrivée aux oreilles de la sécurité présidentielle, dont un agent s'est dirigé en direction du parterre, d'où se sont levées une quinzaine de personnes, parmi lesquelles Emmanuel et Brigitte Macron". 

Sa sortie du théâtre, en voiture et sous escorte policière, est accompagnée par des sifflets des manifestants. "Tous ensemble, grève générale", "On est là, on est là ! Même si Macron ne veut pas, nous on est là !"... Le face-à-face entre manifestants et policiers durera environ une heure. 

De son côté, l'entourage d'Emmanuel Macron indique que "le Président continuera de se rendre au théâtre comme il a l'habitude de le faire et veillera à ce que des actions politiques ne perturbent pas la liberté d'expression, la liberté des artistes et la liberté de création."

Un journaliste placé en garde à vue

Le journaliste militant Taha Bouhafs, qui avait signalé sur Twitter la présence d'Emmanuel Macron, a été placé en garde à vue dans la nuit. Selon une source judicaire, cette garde à vue a été levée samedi, et il a été déféré en vue de l'ouverture d'une information judiciaire pour "organisation d'une manifestation non déclarée sur la voie publique" et "participation à un groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations".

Une tentative d'intrusion condamnée

Richard Lioger, député La République en marche de Moselle, a été l'un des premiers à condamner sur Twitter une "inacceptable tentative d’intrusion".

"Ce qu'il s'est passé aux Bouffes du Nord est inacceptable, inadmissible", a continué la députée et porte-parole LREM Célia de Lavergne, sur Twitter"Les auteurs de ces agressions sèment la violence et la discorde", a réagi de son côté le patron des députés LREM Gilles Le Gendre.

"Il faut retrouver la notion de base de respect", a réagi sur franceinfo Emmanuelle Wargon. "Sinon, c'est quoi ? L'insurrection et une fois qu'on a renversé le gouvernement le nouveau gouvernement arrive comment ? Par la volonté de qui ?", s'interroge la secrétaire d'Etat auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire.

Réaction différente dans les rangs de La France insoumise. La députée Danièle Obono dénonce l'exfiltration du théâtre de Taha Bouhafs pour avoir "tweeté sur la présence du Méprisant au théâtre". "Dans quel régime sommes-nous pour qu'un président, furieux que des manifestants le conspuent à l'extérieur d'un théâtre, fasse arrêter un journaliste qui s'y trouvait et qui avait osé communiquer sur sa présence ?", a accusé son collègue Eric Coquerel. 

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