Quand les supermarchés de quartiers grignotent les hypers
Pour les dirigeants de Carrefour, c'est assez rageant. Hier, le titre a effectué un plongeon vertigineux en bourse, réussissant même à lui seul à tirer l'ensemble du CAC 40 vers le fond. L'action a reculé de 8,56%. _Pourtant, le groupe Carrefour va bien.
Il est toujours le numéro deux mondial de distribution. Son chiffre d'affaire semestriel est en hausse par rapport à l'an dernier à la même époque (+6%), et son activité a même progressé cette année. Alors...
_Le talon d'Achille de ce géant est à chercher dans son propre jardin. Si Carrefour porte plutôt haut ses couleurs dans le monde, ses magasins français sont en berne. Leur chiffre d'affaire s'est replié de 2,4%, et encore, la vente de carburants cache un peu le marasme. Sans la compter, les hypermarchés Carrefour hexagonaux perdent carrément 5,5%.
Proximité et discount, les recettes du succès
Explication avancée par Carrefour : une politique de promotions insuffisamment développée. D'où l'objectif de les multiplier cette année. Mais le problème pourrait bien être plus profond que ça. C'est toute la stratégie d'implantation d'hypermarchés en périphérie des villes, dans de vastes zones commerciales qui pourrait prendre l'eau.
Un symptôme ? Le groupe Casino, qui lui a choisi la stratégie inverse, caracole avec des chiffres en hausse. Contrairement à Carrefour, les ventes ont progressé de 4,2% au premier semestre 2008 (+14,6% pour l'ensemble du groupe). Avec mention spéciale pour Franprix et Leader price. Proximité et discount seraient donc les nouvelles mamelles de la distribution. La hausse du prix de l'essence dissuaderait-elle les consommateurs d'utiliser leurs voitures pour aller faire leurs courses ? L'hypothèse est en tout cas évoquée par Casino pour expliquer ses bons résultats. Quand au discount, le succès des premiers prix prouve qu'ils sont recherchés par les clients.
Du coup, Carrefour change de cap. Le groupe annonce qu'il va reprendre plus de magasins Champion sous ses propres couleurs. Des unités qui se trouvent elles aussi dans les centres ville. Reste que cette stratégie est tardive. Sauvera-t-elle le bilan 2008 ? Rien n'est moins sûr. Sauvera-t-elle la tête de José Luis Duran, le patron du groupe, dont les choix tactiques sont de plus en plus contestés. Pas sûr non plus.
Grégoire Lecalot
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