Plan de relance : Laurent Berger déplore des "manques" pour les "plus pauvres" et demande un contrôle social des aides par les CSE
Le secrétaire général de la CFDT demande que les comités sociaux et économiques des entreprises recevant des aides du plan de relance "donnent un avis sur l'utilisation" de ces fonds publics pour être sûr qu'ils soient utilisés à de bonnes fins.
Les 100 milliards d'euros du plan de relance, "ce n'est pas un chèque en blanc" donné aux entreprises, a prévenu Laurent Berger vendredi 4 septembre sur France Inter. "Il n'y a pas, dans ce plan, un contrôle social sur les aides qui sont données aux entreprises", a déploré le secrétaire général de la CFDT. "Qu'on aide les entreprises les plus en difficulté, qu'on aide les entreprises à embaucher des jeunes, à développer de l'apprentissage, très bien. Mais il faut vérifier qu'elles le fassent", a-t-il insisté le représentant syndical qui rappelle avoir "souvent vu des engagements verbaux qui ne sont pas concrétisés".
Le CSE doit donner un "avis conforme"
La CFDT demande que, dans les entreprises, "le comité social et économique (CSE) donne un avis conforme sur l'utilisation des aides". L'absence d'"instrument de contrôle" est, selon Laurent Berger, "un des manques principaux" du plan de relance présenté par Jean Castex cette semaine.
J'insiste là-dessus, je suis peut-être un peu lourd, mais si les entreprises ne jouent pas le jeu demain en embauchant, en utilisant les mécanismes qui sont proposé dans ce plan, on aura arrosé le sable.
Laurent Berger, secrétaire général de la CFDTà France Inter
Laurent Berger reconnaît toutefois que le plan de relance "coche un certain nombre de cases". "La puissance publique est là pour soutenir l'économie" mais "pas assez, de mon point de vue, pour les plus pauvres". La CFDT demande un "chèque relance" pour "les ménages, les familles, les travailleurs qui ont subi une perte de pouvoir d'achat liée à leur situation, qu'elle soit liée à du chômage partiel ou liée à du chômage tout court". "Avec tout un tas d'associations, on demande qu'il y ait une aide spécifique. On pourrait en définir la durée et le montant mais je crois qu'il faut aider ceux qui sont le plus en difficulté à boucler les fins de mois", a expliqué Laurent Berger.
Il a dit craindre "qu'un certain nombre de travailleurs et de citoyens sombrent dans la pauvreté et qu'ils passent dans l'invisibilité." Laurent Berger appelle également à "aider le secteur associatif qui fait un travail extraordinaire" tout en saluant l'annonce du Premier ministre d'une dotation de 200 millions d'euros supplémentaires du plan pauvreté lancé en 2018.
Ni réforme des retraites, ni augmentation du temps de travail
Quant à la réforme des retraites, "je ne vois pas comment ça peut être possible" de reprendre le débat, a déclaré Laurent Berger. Ce n'est "pas la priorité aujourd'hui" : "on a autre chose à faire dans cette période que de se mettre sur la figure", a-t-il estimé. "Ce n'est pas parce que ce n'est pas possible dans ce quinquennat que ce n'est possible plus tard de faire un système universel des retraites qui soit plus juste", a ajouté le syndicaliste plutôt favorable à cette réforme.
Ce qu'on dit au gouvernement, c'est aucune mesure paramétrique, c'est-à-dire d'ajustement des paramètres, de la durée du travail, etc, pendant les mois à venir.
Laurent Berger
Laurent Berger a jugé "totalement débile, totalement idéologique" une éventuelle augmentation du temps de travail "au moment où 700 000 jeunes arrivent sur le marché du travail, où il va y avoir malheureusement des centaines de milliers de chômeurs supplémentaires". "La moindre tentative d'augmentation de la durée du travail, la CFDT la combattra très fortement", a-t-il avertit, car "aujourd'hui, il n'y a pas assez de travail pour que tout le monde puisse en bénéficier".
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