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Pourquoi l'article de "Elle" sur la "pipe" fait jaser

FRANCE - Dans son dernier numéro, l'hebdomadaire affirme, témoignages à l'appui, que la fellation est "le ciment du couple".

Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le numéro de Elle paru le 20 juillet 2012 propose en une un article intitulé "La pipe, ciment du couple". (ELLE )

A la rédaction de FTVi, vendredi 20 juillet, tout le monde cherchait à mettre la main sur le Elle. Pas pour son article sur "l'été des stars", mais pour un titre beaucoup plus accrocheur en une : "La pipe, le ciment du couple". Le sujet de discussion i-dé-al en plein été. Depuis, médias et internautes s'en donnent à cœur joie, entre analyse anthropologique et jeux de mots douteux. Le magazine a d'ailleurs sélectionné les meilleurs tweets commis sur le sujet. Mais pourquoi un tel emballement, vraiment ? 

Parce que la "pipe" reste taboue

La plupart des lecteurs de l'article incriminé ont beau avoir atteint l'âge de la majorité sexuelle depuis longtemps, le simple fait de parler de "pipe" continue à les faire glousser, comme des collégiens du fond de la classe. Mais cette attitude immature face au sexe oral a une explication historique, développée par le psychiatre et anthropologue Philippe Brenot sur Le Monde.fr. Selon lui, cette pratique est "l’un des derniers tabous du monde occidental libéré".

"Traditionnellement, et dans toutes les cultures, le sexe et la bouche ne devaient jamais se rencontrer, même dans les moments les plus intimes", écrit-il. Et ce en raison des risques d'infection. C'est donc tout récemment que cet interdit a été levé, d'abord "dans les bordels". Puis, à la fermeture des maisons closes, en 1946, dans le couple légitime.

 • Parce que le propos de "Elle" est jugé sexiste…

Pour les femmes, d'abord. Si le titre retenu en couverture est réducteur par rapport au contenu de l'article, l'angle choisi par Elle reste la fellation et non le cunnilingus. Gaëlle-Marie Zimmermann, chroniqueuse pour le Plus du Nouvel Obs, s'insurge :  "On parle bien de la pipe, uniquement de la pipe, et de ce qu'elle représente en termes de retour sur investissement. (…) Or, si je conviens volontiers de l'aspect 'économique' de la sexualité dans le couple, (…) je conteste énergiquement cette vision unilatérale de la capitalisation des pratiques sexuelles dans un objectif de sérénité conjugale."

Mais les hommes en prennent aussi pour leur grade dans la démonstration du magazine féminin. Selon Gaëlle-Marie Zimmermann, ils sont présentés comme "complètement décérébrés, exigeants et égoïstes". Les blogueurs VQ & Lilzeon de L'Express.fr abondent ce sens : "Chères amies maçonnes du couple ou amazones émancipées, nous autres les garçons avons aussi une âme, merci de ne pas l’oublier."

• … et normatif

Le commentaire d'une sexologue dans l'article fait particulièrement bondir certains lecteurs. Le Dr Mireille Dubois-Chevalier dit, en substance, que les femmes qui "ne peuvent même pas envisager le contact de leur bouche avec un pénis (…) souffrent souvent d’immaturité psychoaffective".  

Le sang de Gaëlle-Marie Zimmermann ne fait qu'un tour : "Ne pas aimer le goût de la bite, c'est une pathologie psychiatrique maintenant ?" Plus mesuré, le psychiatre Philippe Brenot propose une autre lecture : "Non, elles ne sont pas immatures, elles ont à découvrir le chemin de leur érotisme qui ne sera jamais facilité par des  jugements à l’emporte-pièce comme celui-ci."

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