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Mis en cause pour son attitude dans l'affaire Murdoch, le chef de Scotland Yard a annoncé sa démission dimanche

La décision de Sir Paul Stephenson fait suite aux "accusations sur les liens" entre Scotland Yard "et News International" et "en particulier avec Neil Wallis", ex-rédacteur en chef adjoint de News of the World., ex-directrice de la branche britannique du groupe Murdoch, avait été arrêtée plus tôt avant d'être libérée sous caution.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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L'ex-directrice de la branche britannique du groupe Murdoch, Rebekah Brooks, le 12 juillet 2011. (AFP PHOTO / KI PRICE)

La décision de Sir Paul Stephenson fait suite aux "accusations sur les liens" entre Scotland Yard "et News International" et "en particulier avec Neil Wallis", ex-rédacteur en chef adjoint de News of the World.

, ex-directrice de la branche britannique du groupe Murdoch, avait été arrêtée plus tôt avant d'être libérée sous caution.

Scotland Yard avait annoncé plus tôt l'arrestation d'une soupçonnée "de participation à l'interception de communications" et de "corruption". Je peux confirmer que (Rebekah Brooks) a été libérée ce soir sous caution jusqu'à fin octobre", avait également précisé le porte-parole de la police britannique. Elle avait été arrêtée après sa convocation dans un commissariat de Londres dans le cadre de l'enquête sur les écoutes au sein du News of the World (NotW), un des tabloïds du magnat des médias, Rupert Murdoch, fermé il y a huit jours en raison du scandale.

L'arrestation de Rebekah Brooks est la 10e intervenue dans le cadre de l'enquête rouverte en janvier sur le scandale des écoutes téléphoniques pratiquées à grande échelle dans les années 2000 par News of the World, fermé récemment à cause du scandale.

Encore une démission d'un haut responsable policier

La police britannique a annoncé lundi dans un communiqué la deuxième démission en 24 heures d'un haut reponsable de Scotland Yard, John Yates, qui avait refusé de rouvrir l'enquête sur le scandale des écoutes téléphoniques en 2009.

M. Yates a exprimé ses "regrets" pour sa décision de ne pas rouvrir l'enquête en 2009, devant une commission parlementaire mardi dernier, expliquant qu'il n'était pas en possession de tous les éléments à l'époque et que le tabloïde avait refusé de coopérer comme il l'aurait dû.

Scotland Yard montré du doigt
Entre 2006 et 2010, le patron démissionnaire de Scotland Yard Paul Stephenson aurait rencontré les dirigeants de News International à 18 reprises. Ses liens seraient particulièrement étroits avec Neil Wallis, ex-rédacteur en chef adjoint du NotW. Arrêté jeudi, il est soupçonné "d'avoir conspiré en vue d'intercepter des communications".

"Mon intégrité est totale", a cependant assuré Paul Stephenson lorsqu'il a annoncé sa démission en direct à la télévision.

Scotland Yard, qui est accusé d'avoir traîné les pieds dans la conduite de l'enquête sur les écoutes, avait déjà dû admettre avoir recruté un temps comme consultant en relations publiques ce même Neil Wallis. Ce dernier était aussi consultant d'un luxueux hôtel où le chef de la police a passé cinq semaines de convalescence cette année, selon la presse.

D'après la police britannique, le tabloïd aurait écouté quelque 4.000 personnalités de tous horizons, dont des familles d'adolescentes assassinées.

Cameron pourrait être mis en difficulté
Le Premier ministre britannique David Cameron a jugé, au sujet de la démission de Paul Stephenson, qu'il s'agissait "d'un moment très triste pour lui", ajoutant: "Je lui souhaite du bien pour l'avenir". Face à cette affaire, M. Cameron risque lui-même d'être mis en difficulté, a estimé la presse britannique, lundi (voir encadré ci-dessous).

Le Premier ministre britannique pourrait se réunir en urgence mercredi pour évoquer le scandale, t-ton appris lundi. "Cela pourrait être une bonne chose que le parlement se réunisse mercredi pour que je puisse faire une nouvelle déclaration, informer la Chambre des dernières nouvelles de l'enquête judiciaire et répondre aux questions qui se poseront aujourd'hui et demain", a indiqué David Cameron britannique lors d'un déplacement en Afrique du Sud.

Le chef du gouvernement britannique est personnellement mis en cause pour avoir employé un ancien rédacteur en chef adjoint du News of the World, Andy Coulson, soupçonné aujourd'hui "d'avoir conspiré en vue d'intercepter des communications." Coulson avait en effet démissionné en 2007 du tabloïd avant d'être nommé directeur de la communication de David Cameron, poste qu'il a dû abandonner en janvier à cause de cette affaire.


Les conséquences politiques: petite revue de presse

La démission du boss de Scotland Yard, Sir Paul Stephenson "montre que la crise se propage maintenant aux médias, à la politique et la police", écrit le Guardian (gauche) dans son éditorial, ajoutant que "maintenant le premier ministre se trouve vraiment sur la sellette".

Le Daily Telegraph (centre droit) prédit des temps durs à venir pour le locataire du 10 Downing Street. "Loin de faire baisser la pression sur David Cameron, le départ de Sir Paul l'augmente", juge le quotidien. "Depuis que M. Cameron a fait la fatale erreur de nommer Andy Coulson (...), il a commencé à être mouillé dans cette ténébreuse affaire. Il n'y a pas de signe que cela cesse ", ajoute le Daily Telegraph.

De son côté, le Daily Mail (conservateur) titre en première page "Désintégration de la police londonienne".

Le Times, propriété de Murdoch, estime que Paul Stephenson a eu "raison de démissionner", mais que la police "a un long chemin à faire pour regagner la confiance du public". Le quotidien juge "terrifiant" que ce scandale se soit propagé au sein des forces de l'ordre. "La police, en tant que dépositaire de la force au sein de l'Etat, est tenue d'avoir la confiance du public comme aucune autre institution. Sir Paul a pris un bon départ (en démissionnant) mais il est peu probable que ce soit la fin de l'affaire", poursuit le vénérable journal.


Murdoch fait son mea culpa
Quant à Rupert Murdoch, pris au piège depuis deux semaines du scandale retentissant, il a poursuivi dimanche son acte de contrition, en publiant dans plusieurs journaux un nouvel encart, intitulé: "Réparer le mal qui a été fait". News International, la division britannique de son groupe News Corp., y promet une "pleine coopération avec la police", des "compensations pour les victimes" et des "changements" pour prévenir toute nouvelle dérive. Samedi déjà, Rupert Murdoch avait publié dans la presse un mea culpa pour les écoutes illégales.

Ed Miliband lance l'offensive
Ces révélations ont dressé contre Rupert Murdoch l'ensemble de la classe politique au Royaume-Uni. A commencer par les travaillistes qui ont lancé ce week-end une nouvelle charge contre lui.

Dans un entretien à l 'Observer, leur patron, Ed Miliband, estime qu'il est temps de "se pencher sur une situation qui autorise une personne à détenir plus de 20% du marché de la presse" et une grande partie de Sky. Une concentration "dangereuse" qui a "conduit à des abus de pouvoirs au sein du groupe", note-t-il.

Depuis que le scandale a éclaté, Ed Miliband a pris la tête de l'offensive contre le magnat, réclamant tour à tour la démission des dirigeants de News International, le retrait de son offre de rachat complet du bouquet satellitaire BSkyB et la création d'une commission d'enquête. Le N°2 du gouvernement Nick Clegg a lui aussi jugé nécessaire dimanche de "reconsidérer les règles sur le pluralisme afin de s'assurer que celui-ci est bien respecté".

Rupert Murdoch a eu beau en quelques jours sacrifier deux de ses plus fidèles lieutenants, Rebekah Brooks, directrice de News International, et Les Hinton, son prédécesseur de 1995 à 2007, et renoncer à ses projets sur BSkyB, l'onde de choc du scandale continue à se propager.

Ainsi, à la Bourse de Sydney lundi 18 juillet, l'action du groupe News Corp a perdu plus de 5%. Le titre avait déjà cédé plus de 11,9 % la semaine d'avant.

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