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Le tournage d'un porno en une de "Oise Hebdo" : "Notre journal raconte tout"

Le rédacteur en chef de l'hebdomadaire local s'explique sur les photos très explicites parues en une du dernier numéro, mercredi, qui ont interpellé les internautes et choqué certains lecteurs.

Article rédigé par Louis Boy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La une de l'édition de Compiègne (Oise) du journal local "Oise Hebdo", le 11 mars 2015. (OISE HEBDO)

"Compiègne, mardi 10 mars, midi trente : tournage d'un film porno dans un parc du centre-ville." L'hebdomadaire local Oise Hebdo n'y va pas par quatre chemins, à la une de l'édition de Compiègne du mercredi 11 mars. Sous ce titre, une photo du tournage laisse peu de place à l'interprétation.

Jeudi, l'image a déclenché les réactions tour à tour amusées et choquées des internautes sur les réseaux sociaux. En 2011, les unes du journal avaient déjà attiré l'attention de Télérama pour leur goût des faits divers présentés de manière "très trash". On trouve régulièrement dans les titres le nom complet des victimes. Volonté de vendre, de choquer ou simplement d'informer ? Vincent Gérard, rédacteur en chef de l'hebdomadaire, nous livre ses explications.

Francetv info : Pourquoi avoir choisi de faire votre une sur cet article ?

Vincent Gérard : Cela fait vingt-et-un ans que je fais ce journal et c'est la première fois qu'on tombe sur le tournage d'un film pornographique en centre-ville, en pleine journée, à 12h30, dans un parc à 200 mètres de la mairie. C'est du jamais-vu, de l'inédit. Oise Hebdo, c’est le journal qui raconte tout. Le lecteur sait qu'il aura toute l'info sur tout ce qui s'est passé dans l'Oise. Et ce n'est pas anecdotique : le lendemain, le maire de Compiègne, Philippe Marini, a affirmé à nos confrères [du Parisien] qu'il avait signalé cette affaire au procureur.

Mais cette semaine, notre journal fait 64 pages, et la moitié est consacrée à la politique nationale ou locale. En page 3, on a interviewé [l'anthropologue et intellectuel] Malek Chebel, venu dans l'Oise parler des relations avec l'islam. Je n'ai eu aucun appel à ce sujet.

Pour autant, fallait-il illustrer le sujet par des photos aussi explicites ?

Les photos sont explicites, mais on ne voit rien qui appartienne au domaine de la pornographie. Je ne les connais pas par cœur, mais il y a, j'imagine, des règles dans la législation sur ce qui est ou non de la pornographie.

Avez-vous reçu des réactions choquées de la part de votre lectorat ?

Bien sûr qu'il y a eu des plaintes. J'ai reçu une vingtaine d'appels. Mais c'est normal, moi-même, je n'avais jamais vu ça [à propos du tournage]. Oise Hebdo est un journal fait pour faire réagir.

La pornographie en couverture fera-t-elle vendre ?

Non, les ventes de la presse hebdomadaire régionale se font sur le long terme. Les gens nous achètent parce qu'ils savent que, chaque semaine, on raconte des choses qu'on ne trouve nulle part ailleurs. Même après les attentats de Charlie Hebdo, alors que les frères Kouachi étaient en cavale dans l'Oise, nos ventes n'ont augmenté que de 3%.

De plus, cette fois-ci, un supermarché de Compiègne a apparemment retiré les journaux parce que des clients trouvaient que ça donnait une mauvaise image de la ville. Donc ça fera une quinzaine de ventes en moins.

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