L'émission culte "Là-bas si j'y suis" rayée de la grille de France Inter
Après 25 ans d'antenne, l'émission de Daniel Mermet va disparaître. "Un rude coup porté au pluralisme", a régi Jean-Luc Mélenchon, vendredi.
C'est une page de l'histoire de la radio qui se tourne. L'émission de France Inter "Là-bas si j'y suis", animée par le journaliste Daniel Mermet, va disparaître après 25 ans d'antenne. La nouvelle directrice de la station, Laurence Bloch, l'a annoncé à Daniel Mermet lors d'une entretien, vendredi 27 juin. "Là-bas si j'y suis" avait perdu 100 000 auditeurs depuis deux ans, pour tomber à 485 000 en audience cumulée, un score très bas, selon Radio France.
Reportages-fleuves, sujets atypiques, discours militant, décryptage marqué politiquement à l'extrême gauche, l'émission créée en 1989, diffusée quasi quotidiennement sur France Inter à 17 heures, puis à 15 heures, s'est démarquée dès sa naissance par un ton original et une qualité radiophonique inégalée.
Des auditeurs réunis dans 187 lieux de débats
Une heure sur la dame-pipi de l'hippodrome de Deauville pendant les enchères des yearlings de luxe, les ouvriers de Florange racontant bouleversés leurs machines désormais silencieuses ou le témoignage d'un paysan sans terre au Brésil : autant de reportages ponctués de commentaires militants de Daniel Mermet, 71 ans, dont la voix grave a pris un ton de plus en plus moraliste au fil des années.
Surnommés par Mermet "auditeurs modestes et géniaux", ses auditeurs ont créé en France 187 "repaires", des lieux de débats où les passionnés se retrouvent pour discuter de l'état du monde. Chaque début d'émission leur était consacré avec le "répondeur", où ils pouvaient laisser un message de soutien, de colère, un appel à manifester etc.
"Un rude coup au pluralisme", selon Mélenchon
Daniel Mermet était un manager controversé. D'anciens reporters avaient dénoncé, en juin 2013, dans un article du magazine "Article 11", des méthodes de travail difficiles, des rémunérations très basses et un "système Mermet" autoritaire.
Le coprésident du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon a regretté, vendredi, l'arrêt de l'émission, qu'il juge être "un rude coup porté au pluralisme sur le service public". "Un a un, tous les espaces de pensée non conformes sont refermés, a-t-il écrit. Émission après émission, les sociaux-libéraux et les libéraux occupent tout le temps d'antenne, volent les mots, tordent la pensée, bourrent les crânes."
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