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Roumanoff, Guillon, Lafesse... Des humoristes défendent Tex après son éviction des "Z'Amours"

L'animateur des "Z'Amours"  avait plaisanté sur la violence conjugale lors d'une émission diffusée sur C8. Il a été débarqué par France 2. Ses défenseurs dénoncent "le retour de la censure" tout en reconnaissant une blague "de mauvais goût".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
L'animateur de télévision Tex, lors d'une conférence de presse de rentrée à France Télévisions, à Paris, le 29 juin 2016. (BERTRAND GUAY / AFP)

"Douteuse", "nulle", "pourrie", "machiste". Les défenseurs de l'animateur Tex sont d'accord pour souligner que sa "blague" sur les violences faites aux femmes était au minimum "de mauvais goût", mais condamnent d'une même voix le choix de France 2 d'évincer l'animateur des "Z'amours", après une blague lancée sur la chaîne C8.

Le 30 novembre, Tex, invité dans l'émission de Julien Courbet, "C'est que de la télé", avait plaisanté sur la violence conjugale en déclarant : "Les gars, vous savez ce qu'on dit à une femme qui a déjà les deux yeux au beurre noir ? (...) On lui dit rien, on vient déjà de lui expliquer deux fois." La séquence a fait réagir sur les réseaux sociaux et l'affaire est remontée jusqu'à la secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, qui a "adressé un signalement au CSA". Tex, qui animait "Les Z'amours" depuis dix-sept ans a été débarqué par France 2.

Quelques humoristes ont pris la parole, depuis, pour défendre Tex, dénonçant le "politiquement correct" et le "retour de la censure". Passage en revue.

"Tex n'est pas Bertrand Cantat !"

C'est Anne Roumanoff qui prend ainsi la défense de l'animateur et humoriste sur Twitter : "OK la blague de @TEXcomic était pourrie, nulle et machiste mais il me semble qu'il s'est excusé. Tex n'est pas Bertrand Cantat ! Défendre le droit des femmes oui, faire régner le politiquement correct par la terreur, non !"

Personne n'accuse Tex d'être lui-même violent avec les femmes, où d'avoir tué qui que ce soit. Mais comme l'explique Marlène Schiappa, les "blagues" sexistes risquent de "banaliser les violences conjugales". C'est d'ailleurs ce que répond également un internaute à Anne Roumanoff, sur Twitter. "Si on met dans la tête des gens que battre une femme est source de bonne blague, c'est quand même le signe qu'il y a quelque chose de pourri", explique-t-il.

"Brûlons aussi le sketch de Coluche"

L'humoriste Stéphane Guillon dénonce, lui, un "retour de la censure" et une "période effrayante". Il invoque même Coluche et son sketch "le viol de Monique", pour défendre Tex. Le sketch commence ainsi : "Monsieur le juge, je l'ai pas violée, pas plus que les autres. Je vous ferai remarquer que le viol, c'est quand on veut pas. Moi, je voulais"

Invoquer Coluche, en 2017, c'est un peu comme citer Pierre Desproges pour revendiquer le droit à "rire de tout". Mais rire "de tout" ce n'est pas rire "aux dépens de n'importe qui". "On peut rire des forts, mais pas des faibles", expliquait Pierre Desproges en 1982, explique Libération. Or, rire des violences faites aux femmes, c'est rire des victimes, dont 132 sont mortes sous les coups de leur compagnon ou ex-compagnon, en 2016.

En outre, sur Twitter, des internautes répondent que Coluche, dans son sketch, se moque du personnage misogyne et non de sa victime, quand Tex rit de la violence et animait "depuis dix-sept ans, une émission véhiculant les pires clichés sur les rapports femmes-hommes, assumant sa misogynie et flirtant même parfois avec l’homophobie", rappelle Glamour. 

"Quand ils sont venus chercher..."

Le spécialiste des canulars téléphonique Jean-Yves Lafesse reproche aux humoristes de ne pas défendre Tex. Sur Facebook, pour les inciter à "se bouger le cul", il cite le pasteur Martin Niemöller sur la lâcheté des intellectuels au moment de l'accession des nazis au pouvoir : "Quand ils sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste. Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate..."

Jugeant l'éviction de Tex disproportionnée, Jean-Yves Lafesse ne recule pas devant le point Godwin, en comparant la décision de France 2 aux purges menées par les nazis. Lafesse dénonce d'ailleurs un "Nouvel Ordre Moral" et la "censure" que subissent, selon lui, les humoristes aujourd'hui. 

A cela, la chaîne répond que la "blague" de l'animateur n'est pas la seule raison de son départ. Elle intervient après "plusieurs dérapages de l'animateur ces derniers mois". La production de l'émission avait tenté dans un premier temps d'expliquer à l'animateur que le public n'était plus réceptif à son humour : "Ça faisait suite à pas mal de remarques qui avaient été faites par la société de production à Tex. La production a essayé de lui expliquer, gentiment, qu'il allait falloir évoluer. Cela durait déjà depuis plusieurs semaines, on lui avait dit de prendre en compte l'évolution de la société."

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