Début du procès des écoutes téléphoniques de News of the World
Le procès d'un système,
celui de la presse tabloïd britannique et de ses méthodes pour le moins
contestables, est aussi un procès dangereux pour le pouvoir. Devant le tribunal
londonien d'Old Bailey s'ouvre ce lundi le procès, très attendu outre-Manche,
des écoutes téléphoniques menées par le magazine News of the World (NotW ),
fermé par le magnat des médias Rupert Murdoch en juillet 2011, face au
scandale.
Le système était
semble-t-il rodé ; depuis le début des années 2000, les
journalistes n'hésitaient pas à mettre sur écoute leurs "cibles",
quelque 600 personnes parmi lesquelles des célébrités mondiales, comme l'acteur
Hugh Grant ou encore l'ex-chanteur des Beatles Paul McCartney.
Deux proches de David
Cameron
Rebekah Brooks est devenue
le symbole de ces dérives. Rédactrice en chef de News of the World pendant des
années, elle a cautionné et encouragé le système des écoutes, secondée par un
autre rédacteur en chef, Andy Coulson. Il se trouve que ces deux personnages
sont aussi des proches de David Cameron, le Premier ministre britannique. L'une
est son amie, l'autre fut son conseiller.
Lors du déclenchement de l'affaire de
trop - la révélation de la mise sur écoute en 2011 d'une adolescente
disparue puis retrouvée assassinée -, David Cameron avait assumé cette
proximité. Les deux sont poursuivis pour "interception illégale de
communication" mais aussi pour "corruption de fonctionnaires dans
le but d'obtenir des informations".
Le grand déballage
En compagnie de son mari, Rebekah
Brooks est également accusée d'avoir cherché à dissimuler des preuves. Cinq
autres personnes sont poursuivies, dont deux anciens hauts responsables du
journal, et l'ancien correspondant royal.
Même si NotW a été fermé
dans la précipitation par Rupert Murdoch en juillet 2011, par ailleurs propriétaire du Sun et du Sunday Times , le retour de l'affaire
sous les feux de la justice promet un déballage et de fait un débat violent
dans la société anglaise. Les tabloïds britanniques, dont la plupart adoptent
des méthodes fort contestables pour maintenir leur fort tirage, espèrent qu'ils
n'en feront pas les frais. Déjà, l'affaire avait conduit à la mise sur pieds d'une commission spéciale, concluant à une nécessaire contrainte à mettre en place pour recadrer certaines pratiques. Préconisation pour l'instant inappliquée.
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