Cet article date de plus de quatre ans.

"Tout était matière à dessiner, il dessinait tout le temps, c'était sa vie" : 350 dessins exposés à l'Hôtel de Ville de Paris en hommage au dessinateur Cabu

Une grande exposition sous forme d'hommage à Cabu est organisée à l'Hôtel de ville de Paris. Le dessinateur fait partie des 12 victimes tombées sous les balles des terroristes, le 7 janvier 2015, dans les locaux de "Charlie Hebdo".

Article rédigé par franceinfo, Sébastien Baer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L'exposition "Le rire de Cabu" se tient à l'Hôtel de ville de Paris jusqu'au 9 janvier 2021.  (ALAIN JOCARD / AFP)

L'exposition "Le rire de Cabu" a ouvert ses portes le 9 octobre 2020 à l'Hôtel de ville de Paris. Cet hommage au dessinateur mort dans l'attaque terroriste contre Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, se tiendra jusqu'au 9 janvier 2021. L'occasion de découvrir la France de Cabu, ses combats, ses dessins politiques et ses personnages emblématiques. L'exposition est gratuite, mais la réservation est obligatoire.

Une plume, de l'encre et de l'humour

Dans l'entrée, un bureau où s'entassent papiers et journaux : c'est celui où Cabu passait des heures à dessiner, à croquer et à esquisser. "Cabu n'avait pas forcément le sens du rangement, glisse Véronique Cabut, la veuve du dessinateur, mais par contre, il savait pertinemment où étaient ses dessins, où étaient ses croquis ou ses brouillons."

Avec son trait fin dessiné à la plume et à l'encre numéro 17, sa préférée, Cabu cherchait à faire rire et sourire : "Tout était matière à dessiner. Il dessinait tout le temps, c'était sa vie. Il avait toujours un carnet de croquis et il prenait aussi des notes sur ce que disaient les gens, même ceux qu'il ne connaissait pas dans la rue, partout", raconte Véronique Cabut.

Sa vie c'était le dessin

Véronique Cabut

à franceinfo

La veuve du dessinateur décrit sa méthode : "Il commençait toujours par le regard. Ça donne vie à un personnage." Bien souvent, un seul détail suffit à identifier les personnages de Cabu. Il y a les cornes de Sarkozy, la bouche en cul de poule de Valérie Giscard d'Estaing ou encore le nez de Dorothée. Il y a aussi l'adjudant Kronenbourg, le beauf qui fera son entrée dans le dictionnaire, "inspiré par un patron de bistrot de Châlons-en-Champagne", confie Véronique Cabut.

Le Grand Duduche est là aussi, le grand dadais dégingandé inspiré par les souvenirs d'enfance de Cabu. L'un des préférés de Véronique Cabut : "Quand j'étais jeune, j'étais amoureuse du Grand Duduche. Il faisait rire et en même temps, c'était un personnage extrêmement sympathique. Il n'aimait pas le proviseur, mais moi non plus je n'aimais pas le proviseur."

Hara-Kiri, Pilote, Charlie Hebdo et Le Canard enchaîné

En soixante ans de carrière, Cabu a noirci des dizaines de carnets de croquis. Il chronique la société française et s'inspire de ses lectures, de ses rencontres, de ses sorties au théâtre et au musée. Avec la matière première qu'il collecte sur le terrain, Cabu dénonce, moque, caricature. Ce sont les journaux satiriques Hara-Kiri et Pilote, puis Charlie Hebdo et Le Canard enchaîné qui accueillent ses dessins. "Charlie Hebdo et Le Canard enchaîné étaient quand même les deux piliers de la vie de Cabu, qui sortaient tous les deux le mercredi, ce qui lui donnait beaucoup, beaucoup de travail", souligne Véronique Cabut.

Cabu voulait aussi transmettre sa passion : "Si vous savez écrire, vous savez dessiner", disait-il. A la fin de l'exposition. On apprend qu'en dessinant une cafetière à l'envers, on obtient le portrait de Mitterrand, que des clés de sol suffisent à dessiner Gainsbourg, alors que le Pont-Neuf à l'envers fera apparaître le visage de Charles Trenet. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.