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"Charlie Hebdo" contre Edwy Plenel : la polémique en quatre actes

Moqué par l'hebdomadaire satirique, le patron de Médiapart s'est défendu, avec des arguments qui poussent désormais le directeur de "Charlie Hebdo" à l'accuser de "condamner à mort une deuxième fois" sa rédaction.

Article rédigé par franceinfo
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Capture d'écran d'un tweet d'Edwy Plenel répondant, le 7 novembre 2017, à "Charlie Hebdo". (TWITTER / FRANCEINFO)

On est désormais bien loin de la simple satire et très éloigné également du cœur de cette polémique. Charlie Hebdo, par la voix de Riss, accuse le directeur du site d'information Mediapart de "condamner à mort une deuxième fois" sa rédaction. Riss réagissait après la déclaration d'Edwy Plenel, qui a affirmé que le journal satirique prenait part à une campagne "générale" de "guerre aux musulmans". Comment en est-on arrivé à un tel bras de fer entre deux médias ? Franceinfo récapitule. 

Acte 1 : "Charlie Hebdo" se moque d'Edwy Plenel

C'est la carricature qui a tout déclenché. La une du numéro du 8 novembre montrait quatre caricatures du président de Mediapart se cachant derrière sa moustache face aux accusations de viols visant Tariq Ramadan"Affaire Ramadan, Mediapart révèle : 'On ne savait pas'", titre le journal satirique, accusant ainsi le directeur du site d'information d'avoir trop souvent défendu l'islamologue suisse, proche des Frères musulmans.

Dans la foulée, Edwy Plenel a une première fois réagi sur Twitter, en citant l'écrivain Romain Rolland : "Ils peuvent me haïr, ils ne parviendront pas à m’apprendre la haine."

Acte 2 : Edwy Plenel répond en évoquant "une guerre aux musulmans"

Interrogé sur franceinfo le 8 novembre, le patron de Mediapart a précisé sa pensée. Pour Edwy Plenel, cette une de Charlie Hebdo "fait partie d'une campagne générale (...) de guerre aux musulmans".

Voici son intervention en intégralité : "La une de Charlie Hebdo fait partie d'une campagne plus générale que l'actuelle direction de Charlie Hebdo épouse. M. Valls et d'autres, parmi lesquels ceux qui suivent M. Valls, une gauche égarée, une gauche qui ne sait plus où elle est, alliée à une droite voire à une extrême droite identitaire, trouve n'importe quel prétexte, n'importe quelle calomnie pour en revenir à leur obsession : la guerre aux musulmans, la diabolisation de tout ce qui concerne l'islam et les musulmans."

"Je ne lis pas Charlie Hebdo, à chacun de se faire son jugement en lisant Charlie Hebdo", a précisé par ailleurs le directeur de la publication de Mediapart.

Acte 3 : une tribune en soutien à Edwy Plenel dénonce la une "diffamatoire et haineuse"

Dans ce bras de fer, Edwy Plenel a obtenu le soutien de plus de 130 personnalités de gauche, qui ont signé une tribune, le 12 novembre. Ils y dénoncent une "campagne de délation" qui vise selon eux "le symbole d'une presse libre, indépendante des pouvoirs quels qu'ils soient, au service du droit de savoir des citoyennes et des citoyens".  

"Il semble bien que nous soyons confrontés ici à une campagne politique qui, loin de défendre la cause des femmes, la manipule pour imposer à notre pays un agenda délétère, fait de haine et de peur", soulignent notamment l'économiste Thomas Piketty, la militante féministe Caroline De Haas, l'ex-député PS Christian Paul ou encore l'ancien candidat à la présidentielle Olivier Besancenot. 

"Tout doit avoir le droit de se dire, de s'écrire et de se représenter, et cela doit être dit et répété, particulièrement pour Charlie Hebdo", affirment les signataires, en ajoutant : "Nous avons aussi le droit d'écrire que la une de Charlie de cette semaine est diffamatoire et haineuse." 

Acte 4 : "Plenel condamne à mort une deuxième fois 'Charlie Hebdo'", selon Riss

C'est par un éditorial choc que réplique Charlie Hebdo. Dans son édition du 15 novembre, Riss, le directeur de la rédaction du journal satirique, signe un texte dans lequel il reproche à Edwy Plenel d'avoir prononcé un "appel au meurtre" à l'encontre de son hebdomadaire. "Plenel condamne à mort une deuxième fois Charlie Hebdo", estime Riss, en répétant les propos d'Edwy Plenel, notamment la phrase : "La une de Charlie Hebdo fait partie d'une campagne plus générale (...) de guerre aux musulmans."

"Cette phrase, qui désigne Charlie Hebdo comme un agresseur supposé des musulmans, adoube ceux qui demain voudront finir le boulot des frères Kouachi", continue le directeur de publication de l'hebdomadaire satirique. "Si demain on nous liquide tous, si demain nous ne sommes plus là, espérons qu'il subsistera quelques courageux qui demanderont justice contre ceux qui nous auront frappés, mais aussi contre les esprits qui les auront armés." 

Le 7 janvier 2015, les frères Kouachi avaient pénétré dans la rédaction de Charlie Hebdo et tué à la kalachnikov, au nom d'Al-Qaïda, douze personnes, dont les dessinateurs Cabu, Charb et Wolinski.

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