Bruxelles refuse de rouvrir la pêche au thon

Bruxelles avait décidé vendredi de fermer prématurément et en grande partie la pêche au thon rouge en Méditerranée, car les quotas de 2008 pour cette espèce sont selon elle déjà sur le point d'être atteints. Cette fermeture concerne les thoniers-senneurs, de grands chalutiers qui pratiquent une forme de pêche industrielle aux thons rouges et comptent à eux seuls pour quelque 70% des captures totales de cette espèce dans les eaux européennes.

Une décision déjà dénoncée par les principaux pays concernés, France, Espagne et Italie et par les pêcheurs eux-même. Dès l'annonce de Bruxelles, ils avaient réagi en bloquant des ports et des raffineries. Aujourd'hui, Joe Borg persiste et signe : "On ne peut attendre sérieusement de la Commission qu'elle examine les demandes très mal fondées (des Etats membres) de suspendre la décision entièrement justifiée qu'elle a prise" de fermer prématurément la pêche de ce poisson, a-t-il déclaré dans un communiqué. "La décision de fermer la pêche pour les thoniers senneurs n'est pas seulement nécessaire à la protection du stock (de thon rouge) et au respect par la Communauté européenne de ses obligations internationales. Elle est aussi vitale pour garantir l'équité" entre les diverses catégories de pêcheurs.

La France a décidé de saisir le conseil des ministres de l'Agriculture et de la Pêche de l'UE, qui se réunit lundi prochain à Luxembourg, pour protester contre cette décision. Sans attendre, le Syndicat des thoniers méditerranéens, qui regroupe des professionnels français du secteur, a appelé ses adhérents à braver l'interdiction décidée depuis lundi par Bruxelles et de pêcher le thon rouge dès ce soir minuit en Méditerranée. Ils affirment ne pas avoir encore pêché les quotas qui leur ont été fixés et affirment être prêts au "clash", y compris en mer, si des navires de contrôle des pêches tentent d'aborder les thoniers.

Depuis hier, les thoniers senneurs français, italiens, grecs, chypriotes et maltais sont contraints de rester à quai. Leurs homologues espagnols peuvent encore pêcher jusqu'au 23 juin. La pêche artisanale pourra se poursuivre jusqu'à nouvel ordre.

Anne Jocteur Monrozier, avec agences