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83e Prix Albert Londres : "J’ai eu l’impression d’être utile avec ces reportages" au Liban, réagit la lauréate, Caroline Hayek

Le journaliste franco-libanaise à L’Orient-Le Jour est récompensée pour une série d'articles sur les ravages de la double explosion de Beyrouth en août 2020. Elle a notamment recueilli le témoignage de réfugiés syriens.

Article rédigé par franceinfo
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La médaille du prix Albert Londres, décerné lundi 15 novembre 2021 à la journaliste franco-libanaise Caroline Hayek. (DOMINIQUE FAGET / AFP)

Elle a raconté la souffrance des rescapés de la double explosion de Beyrouth d'août 2020. Caroline Hayek, journaliste franco-libanaise à L’Orient-Le Jour remporte le 83e Prix Albert Londres pour une série de reportages dans la capitale libanaise. "J’ai eu l’impression d’être utile avec ces reportages", réagit-elle sur franceinfo, mardi 16 novembre, au lendemain de la remise de ce prix. Une distinction individuelle "mais aussi pour tout un journal", selon elle. 

franceinfo : Ce sont des tragédies humaines que vous racontez, mais c’est surtout la déliquescence de tout un pays qui est exposée ?

Caroline Hayek : Raconter cette souffrance tout de suite après l’explosion était très important. Je voulais également donner la parole aux réfugiés syriens parce que j’ai couvert la guerre en Syrie depuis Beyrouth pour L’Orient-Le Jour, c’était essentiel de ne pas les oublier, parce qu’il y a eu une quarantaine de personnes qui sont mortes durant l’explosion. Ces réfugiés syriens, qui n’ont pas demandé à être là, n’espèrent qu’une chose, rentrer dans leur pays. Ils pensaient être en sécurité au Liban, mais l’explosion a été la goutte de trop. Pour l’instant, ils ne comptent pas repartir en Syrie tant que les conditions sécuritaires ne le permettent pas, et, pour certains, tant que Bachar Al-Assad est au pouvoir.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans ces reportages ?

La facilité que ces personnes avaient de raconter leurs souffrances. C’est quelque chose de difficile de dire "maintenant, je suis tombé dans une pauvreté extrême, je ne reçois aucune aide", et en même temps ils avaient une certaine pudeur et toujours une générosité énorme, même s’ils n’avaient rien, ils vous accueillent les bras ouverts et ils sont heureux que vous soyiez là pour les entendre. J’ai eu l’impression d’être utile avec ces reportages. Même si, moi, comme d’autres journalistes au Liban avec les conditions que l’on connaît, nous avons pensé à un moment quitter le pays pour travailler à l’étranger, cela fait sens pour nous de rester pour raconter toutes les souffrances que traversent la population.

C’est une récompense personnelle, mais c’est aussi pour une presse qui va mal au Liban ?

Tout à fait. C’est aussi une vraie récompense pour L’Orient-Le Jour, c’est vraiment une grande famille, toute la rédaction a sauté de joie. C’est un journal qui essaie de tenir bon. C’est l’un des seuls quotidiens indépendants francophones dans la région qui va fêter ses 100 ans dans trois ans. Donc oui, ce prix, il est pour moi, mais aussi pour tout un journal.

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