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Les pays en développement représenteront près de 60% du PIB mondial en 2030, selon l'OCDE

Le vieux monde est-il dépassé par les pays émergents ?A en croire l'OCDE, le poids économique des pays émergents et en développement est en passe de dépasser celui des Etats développés, un tournant "historique" qui pourrait faire des échanges Sud-Sud l'un des principaux moteurs de la croissance.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
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Contribution au PIB mondial des pays membres et non membres de l'OCDE (source OCDE)

Le vieux monde est-il dépassé par les pays émergents ?

A en croire l'OCDE, le poids économique des pays émergents et en développement est en passe de dépasser celui des Etats développés, un tournant "historique" qui pourrait faire des échanges Sud-Sud l'un des principaux moteurs de la croissance.

Le graphique ci-contre montre l'évolution du poids des pays membres de l'OCDE (en bref, les "anciens" pays riches) et des pays non-membres (les pays émergents) dans la production de la richesse mondiale. L'image est parlante. Le centre de gravité du monde change et les conséquences dans tous les domaines vont se voir rapidement ().

"La crise financière et économique a accéléré cette transformation structurelle de l'économie mondiale", déplaçant le "centre de gravité économique de la planète vers l'est et le sud, des pays de l'OCDE vers les pays émergents", affirment les auteurs de ce rapport intitulé Le basculement de la richesse. "Les prévisions à plus long terme suggèrent que les pays en développement et les pays émergents sont susceptibles de représenter près de 60% du PIB mondial en 2030", écrivent les auteurs du rapport.

Ainsi, les pays membres de l'OCDE , qui réunit une trentaine d'Etats parmi les plus riches de la planète, représentaient 60% de l'économie mondiale en 2000, une part tombée à 51% en 2010 et qui devrait devenir minoritaire, à 43%, à l'horizon 2030.

Quelques exemples de ce mouvement sont cités dans le rapport : la Chine est devenue en 2009 le premier partenaire commercial du Brésil, de l'Inde et de l'Afrique du Sud; la multinationale indienne Tata est aujourd'hui le deuxième investisseur en Afrique subsaharienne; plus de 40% des chercheurs du monde viennent désormais d'Asie...

Le "nouvel ordre économique mondial" s'accompagne d'une multiplication des échanges Sud-Sud, qui pourraient, au cours de la prochaine décennie, "former l'un des principaux moteurs de la croissance", selon l'OCDE . Ainsi, entre 1990 et 2008, les échanges mondiaux ont été multipliés par près de quatre tandis que les échanges Sud-Sud l'ont été par plus de dix.

"L'investissement Sud-Sud présente un énorme potentiel inexploité pour les pays à faible revenu", insiste l'organisation, en précisant que ce phénomène concerne de plus en plus, outre la Chine ou les entreprises brésiliennes, indiennes et sud-africaines, de nouveaux investisseurs plus petits, tels que le Chili ou la Malaisie. Cette "nouvelle géographie de la croissance mondiale" fait apparaître une "hétérogénéité du Sud" et un "monde à quatre vitesses", avec des "pays riches", des "pays convergents", des "pays en difficulté" et des "pays pauvres".

Au cours des années 2000, après la "décennie perdue" qu'ont été les années 90 pour les économies en développement, une forte croissance a permis une multiplication par plus de cinq des pays émergents (passant de 12 à 65), tandis que le nombre de pays pauvres a, lui, été divisé par plus de deux (de 55 à 25).

Appauvrissement des pays les plus pauvres

Cela se traduit donc par un "creusement des inégalités" entre les Etats qui "commencent à rattraper le niveau de vie des pays riches" et ceux qui "continuent de souffrir de l'extrême pauvreté". De la même manière, si les activités de recherche et développement sont "de plus en plus effectuées dans le monde en développement", on constate un "fossé technologique grandissant entre les pays en développement capables d'innover et ceux qui ne semblent pas l'être".

"Le déplacement de la richesse a permis à de nombreux habitants du monde en développement de sortir de la pauvreté", relève l'OCDE , citant quelques chiffres: le taux de pauvreté en Chine est passé de 60% en 1990 à 16% en 2005, et le nombre de pauvres dans le monde a reculé de 120 millions dans les années 1990 et de plus de 300 millions dans les années 2000.

Mais "dans bien des cas, la croissance s'accompagne d'un creusement des inégalités", reconnaissent les auteurs du rapport.

"Somme toute, le basculement de la richesse est une bonne nouvelle pour le développement et une bonne nouvelle pour l'économie mondiale", conclut l'OCDE. "Alors que beaucoup d'observateurs pourraient voir l‘essor du monde en développement comme une menace à la prospérité ailleurs dans le monde, cela devrait être perçu plutôt comme une opportunité pour que l'économie mondiale passe à la vitesse supérieure", a commenté M.Gurr

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