"Lassitude" et "dérives qualitatives" : le beaujolais nouveau est arrivé, dans l'indifférence
Le beaujolais nouveau est arrivé, jeudi 17 novembre. Au fil des ans, les ventes ont considérablement diminué. Pour les vignerons, l'appellation souffre de sa mauvaise image.
Le beaujolais nouveau est arrivé ! Depuis minuit, jeudi 17 novembre, 25 millions de bouteilles sont en vente en France et dans le monde entier. Le chiffre est considérable... mais il est inférieur de moitié à celui du début des années 2000. La demande s'est effondrée. La tradition s'est un peu perdue. "Avant, on faisait de grandes fêtes", raconte avec nostalgie Georges Dubœuf. À 83 ans, celui qui a créé en 1964 les Vins Georges Dubœuf est une figure incontournable du beaujolais nouveau. Son entreprise commercialise un quart des bouteilles dans le monde.
Certains producteurs suppriment la mention "beaujolais" de leurs étiquettes
"On faisait la fête avec 400 à 500 personnes, dont quasiment un TGV complet de VIP venant de Paris. Carlos, Sacha Distel... Il y avait des personnalités du show-business, se souvient Georges Dubœuf. Le lendemain matin, je prenais le Concorde. Et j'étais à New York à 9 heures du matin." Même si ce chef d'entreprise a décollé en début de semaine pour le Japon, devenu le premier importateur et consommateur de beaujolais nouveau à l'étranger, l'ambiance a clairement changé ces dernières années.
"Les modes passent. Il y a un phénomène de lassitude. Et d'autres produits cherchent à leur tour à devenir à la mode", tente d'expliquer Dominique Piron. Mais le président d'Inter-beaujolais, l'instance qui regroupe les producteurs de beaujolais, en est conscient : les ventes ont également souffert de quelques excès. "Quand il y a du volume, il y a forcément des dérives qualitatives et des déceptions", reconnaît-il.
Le beaujolais, ça a été une machine à cash. Il s'est fait tout et n'importe quoi
Jean-Marc Burgaud, lui, se fait plus direct. "Au moment où le beaujolais marchait très bien, il y a eu des abus et des choses pas bonnes de vendues. Ça a desservi tous les crus de la région", s'indigne ce viticulteur incontournable de l'appellation Morgon, qui continue chaque année à produire une petite cuvée de "nouveau". Aujourd'hui, si on dit que notre vin est du beaujolais, ça devient tout de suite beaucoup moins crédible."
À tel point que de nombreux producteurs font le choix de supprimer la mention "beaujolais" de leurs étiquettes... Dans les années 1950, leurs crus se vendaient pourtant à un prix équivalent à celui des vins de Bourgogne. Ils sont désormais "quatre à cinq fois moins chers", souligne Jean-Paul Brun, vigneron à Charnay (Rhône), qui a aujourd'hui quarante millésimes à son actif. Lui voit dans cet écart de prix une "opportunité". Des prix raisonnables, une qualité en hausse : pour les professionnels, c'est la solution pour sauver le beaujolais et gommer sa piètre réputation.
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