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La santé, préoccupation majeure des Français et enjeu de la campagne présidentielle

Alors que 82% des Français estiment que l'austérité ne doit pas toucher les dépenses de santé, une étude, présentée mardi, montre que les déserts médicaux affectent toutes les régions de France. Un paradoxe que vont devoir gérer les candidats.
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Les Français déclarent majoritairement être prêts à faire des efforts pour réduire les dépenses de leurs foyers mais en pas en matière de santé, selon un sondage Harris Interactive (AFP - Bertrand Langlois)

Alors que 82% des Français estiment que l'austérité ne doit pas toucher les dépenses de santé, une étude, présentée mardi, montre que les déserts médicaux affectent toutes les régions de France. Un paradoxe que vont devoir gérer les candidats.

Selon une enquête de l'Ordre national des médecins, qui présente pour la première fois une analyse fine des données démographiques à l'échelle des bassins de vie, l'existence de déserts médicaux touche toutes les régions de France, y compris les mieux dotées.

Un constat d'autant plus pregnant pour les candidats à la présidentielle que la santé arrive en 3e place des préoccupations des Français derrière le chômage et l'emploi, selon le baromètre TNS Sofres de novembre et qu'ils estiment majoritairement (68%) que l'Etat ne doit pas réduire ses dépenses dans ce domaine, d'après un sondage Harris Interactive publié lundi.

Retour sur les principaux enseignements de l'étude et les propositions des candidats.

Des déserts médicaux sur tout le territoire

Le premier constat de l'étude est que les régions méridionales de bord de mer et la région parisienne sont très bien dotées voire surdotées en termes de médecins dans certaines villes tandis que des déserts médicaux progressent dans nombre de zones rurales et dans certains quartiers déshérités.

En tête du classement, la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, la mieux dotée de France avec, une densité médicale de 370 médecins pour 100 000 habitants (19 830 médecins actifs), suivie de l'Ile-de-France avec 366 médecins pour 100 000 habitants (46 360 médecins actifs).

A l'inverse, la Picardie clôt le peloton avec 239 médecins en activité régulière pour 100 000 habitants (4 644 praticiens).

L'autre enseignement de l'étude est qu'au sein même des régions les mieux dotées, des déséquilibre existent en fonction des bassins de vie tels que le définit l'Insee c'est-à-dire des secteurs où vivent, travaillent et consomment des habitants.

Sur ses 124 bassins de vie, 48% ont une faible densité de médecins généralistes, inférieure à la moyenne. 47 bassins de vie ne comptent aucun ophtalmologiste, le médecin spécialiste dont la pénurie est la plus aiguë en France.

Ainsi en Ile-de-France, Paris a attiré 47% des 1 200 nouveaux médecins en 2010, contre seulement 4% en Seine-et-Marne.

Les propositions des candidats déclarés ou potentiels

Jean-Luc Mélenchon

Lors de la Fête de l'Humanité, le candidat du Front de gauche avait clairement défendu sa position : Sur la dette, les socialistes sont "dans une logique de compression des dépenses et d'austérité, nous sommes dans une logique d'augmentation des recettes", a-t-il assuré.

"Je les adjure de comprendre : il ne suffit pas de paraître beau et intelligent, il faut avoir des propositions" sur l'augmentation des salaires, la santé, l'éducation, a-t-il ajouté.

Eva Joly

La candidate d'Europe Ecologie-Les Verts, Eva Joly, met la prévention au cœur de son action, "le meilleur moyen de réduire les dépenses de santé", et prône "la sanctuarisation de toutes les dépenses sociales pour ne pas accroître la pauvreté et la souffrance sociale".

"Pour boucher le trou de la Sécurité sociale, le gouvernement exclut les plus précaires de la solidarité nationale : moi, je préfère que l'on taxe les industriels responsables", a affirmé l'eurodéputé dans un communiqué en proposant "d'augmenter fortement la taxe sur les pesticides ou encore de tripler l'effort financier que le gouvernement demande à l'industrie pharmaceutique".

François Hollande

Pour lutter contre les déserts médicaux, le candidat socialiste, François Hollande, entend mieux répartir les médecins sur le territoire. Pour y parvenir, il a proposé lors de l'un des débats de la pimaire du PS "de limiter l'installation de médecins dans les zones sur-dotées plutôt que de les obliger à s'installer dans les zones sous-dotées".

Le député de Corrèze propose également de "plafonner les dépassements d'honoraires, pour les assécher", "remettre à plat la tarification à l'activité (T2A), qui subordonne le budget de chaque hôpital à son activité stricto sensu indépendamment de ses spécificités et de "remettre en cause la convergence tarifaire entre les hôpitaux publics et les cliniques privées fixée à 2018".

François Bayrou

"Avant d'être une charge financière, le secteur de la santé est une réussite humaine, économique et sociale", fait valoir le MoDem dans son projet. Celui-ci ajoute : "Nous refusons pour autant une gestion principalement comptable de la santé telle qu'elle est pratiquée actuellement."

"Les réformes nécessaires ne peuvent se faire sans les médecins et les professionnels de santé".

Nicolas Sarkozy

Lors d'un déplacement à Carcassonne fin octobre, le chef de l'Etat a insisté sur les efforts financiers nécessaires au maintien du système de santé. "Je suis bien obligé de tenir compte des réalités, je ne peux pas être la machine à dire oui à tout le monde"., a-t-il estimé.

La santé n'échappe pas à la rigueur. Quelques jours plus tard, le gouvernement a présenté son troisième plan de rigueur. Parmi les mesures détaillées le 7 novembre, un effort de 700 millions d'euros d'économies à partir de 2012 sur la maitrise des dépenses de santé.

Marine Le Pen

Au même titre que la sécurité, l'école et la justice, la candidate du Front national, Marine Le Pen, considère la santé comme l'un des domaines essentiels de la nation.

Outre la division par 4 de la fraude sociale qu'elle évalue à 15 milliards d'euros - sur un total de 20 milliards, selon un rapport parlementaire de juin 2011 -, elle propose la suppression de l'aide médicale d'Etat. Cette mesure rapporterait 588 millions d'euros par an, selon Mme Le Pen.

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