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L'Australie, nouvel Eldorado des jeunes Français

François Hollande est arrivé mardi en Australie pour une visite officielle de deux jours, une première historique pour un président français. Il rencontrera notamment la communauté française, de plus en plus nombreuses à immigrer dans le pays.
Article rédigé par Isabelle Chaillou
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
  (L'Australie séduit chaque année de nombreux Français. © REUTERS/Daniel Munoz)

François Hollande continue son voyage marathon dans l’ hémisphère sud. Ce mardi, il entame une visite d’état de deux jours en Australie, une première pour un chef d'Etat français. Dans la cadre somptueux de l'opéra de Sydney, le président de la République doit rencontrer les membres de la communauté française d'Australie. Ils sont environ 100.000 dans un pays de seulement 23 millions d'habitants. La France est même la deuxième source d'immigration européenne vers l'Australie, nouvel Eldorado pour beaucoup de jeunes.

Un Eldorado du bout du monde que les Australiens, eux-mêmes, appellent Down Under ou "de l'autre côté, tout en bas". A 23h de vol de Paris, le pays affiche une insolente réussite économique. L’Australie, c’est 24 années de croissance ininterrompue, quasiment pas de dette et un chômage à 6%. A cette situation s'ajoute un cadre de vie agréable entre plage et mer. Un cocktail qui a attiré Emilie, 30 ans, titulaire d'un master de management.

Trois mois obligatoire dans le bush

Elle est arrivée en 2013 grâce à un permis vacances-travail. Il lui permet de rester pendant un an dans le pays, en voyageant, en travaillant aussi. Mais pour prolonger ce visa, il faut être prêt a faire certaines concessions à la culture locale. "Pour renouveler le visa, on doit quitter les villes et partir trois mois dans le bush, à la campagne. Moi je suis parti dans l'élevage de moutons. C'est un challenge ", s'amuse la jeune femme.  

  (Emilie, 30 ans, est titulaire d'un master de management. © Radio France / Isabelle Chaillou)
La formule fait pourtant rêver des milliers de jeunes français. L’année dernière 25.000 ont profité de ces visas vacances-travail pour venir en Australie. C’est 23% de plus en un an. Le chemin vers le bush, Julie Miehé l’a fait il y a longtemps. Cette avocate vit depuis douze ans à Brisbane sur la côte, et à l’entendre, si l’Australie est au bout du monde, elle est aussi et surtout proche du paradis. "On y trouve une vraie qualité de vie, avec le soleil pendant huit mois de l'année, des gens avec qui il est facile de parler, d'établir un contact ", explique l'avocate.  

Un pays d'entrepreneurs

C’est pour tout cela que Betty Moinet, venue en stage il y a 18 ans, n’ est jamais repartie. Elle a fait sa vie, ici en Australie, y a fondé une famille et fait carrière. Elle est aujourd’hui à la tête du Brisbane french festival. Elle se souvient à quel point cela a été facile de créer son entreprise : "En dix minutes, le business était créé, le nom enregistré. Quand on veut entreprendre, on peut. Il y a 23 millions d'habitants et deux millions d'entreprises ".  

Le climat est en effet très entrepreneurial. Très libéral aussi. Peu de couverture sociale, un système scolaire très clivé entre public et privé, et le marché du travail est ultra flexible, seulement 15 jours de préavis pour un licenciement.

Autant de points qui font rêver certains chef d'entreprise français, d'autant que l'Australie ne connait pas la crise. Les entreprises françaises ne s'y trompent pas. 462 sont implantées dans le pays, et une grosse délégation de ces patrons doit d'ailleurs accompagner François Hollande dans sa visite ce mardi.

"Ça reste un pays très protectionniste"

L'Australie est le cinquième pays le plus riche de la planète, grâce notamment à de colossales ressources minières (charbon, uranium, or, nickel). Mais la période d'expansion sans frein est aujourd'hui finie. La croissance, bien que relevée, est désormais ralentie et Betty constate que le pays referme les vannes de l'immigration. "Ça reste un pays très protectionniste qui, il y a une vingtaine d'années, était encore xénophobe. Quand on peut trouver une main d'oeuvre australienne, on ne va pas chercher une main d'oeuvre ailleurs. "

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L'Australie pratique désormais une immigration très sélective. Ce pays, où un quart des habitants sont nés ailleurs, choisit ceux qui pourront alimenter son marché du travail. Emilie, qui arrive a la fin de son visa vacances-travail, veut rester en Australie, mais sait que cela ne sera pas facile. "Il faut passer un test d'anglais, avoir moins de 40 ans et être en bonne santé. Si je passe tous les tests, je dois trouver un CDI et une résidence en Australie. Tout cela a un coût, environ 10.000 dollars australiens (7.000 euros). " C'est le prix du rêve australien.

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