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INFO FRANCEINFO En vieillissant, certaines crèmes de jour et crèmes solaires développent un composé cancérigène, alertent des chercheurs

"Il faudrait interdire les produits qui contiennent du benzophénone et de l'octocrylène", a affirmé sur franceinfo Philippe Lebaron, professeur en microbiologie, chercheur à Sorbonne Université. 

Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une femme s'applique de la crême sur les mains.  (SINA SCHULDT / DPA)

Certaines crèmes solaires et crèmes de jour développent un composé cancérigène en vieillissant, selon une étude menée par le CNRS et Sorbonne Université, publiée lundi 8 mars dans la revue médicale américaine Chemical Research in Toxicology, et que franceinfo a pu consulter en exclusivité. Dans cette étude, les chercheurs ont acheté une dizaine de crèmes solaires et crèmes de jour que les Français utilisent régulièrement. Ils les ont ensuite fait vieillir prématurément.

Des risques de dermatites et de cancers

Les résultats ont montré qu'au bout d'une année, l'octocrylène, un filtre qui protège du soleil et qui est très souvent utilisé dans ces produits cosmétiques, s'est transformé en benzophénone, un perturbateur endocrinien qui peut passer à travers la peau. "Lorsqu'elle est sur la peau, la benzophénone peut induire des dermatites", explique Didier Stien, l'un des auteurs de cette étude.

"Cela peut provoquer des cancers, notamment des cancers du foie. C'est une molécule qui affecte les fonctions thyroïdiennes et qui perturbe le développement des organes reproducteurs."

Didier Stien

à franceinfo

Les chercheurs ont réalisé cette étude sur des crèmes Garnier, Uriage, Bioderma, La Roche Posay, Cosmi ou encore L'Oréal. Sur certaines de ces crèmes, la concentration en benzophénone pouvait dépasser les 10 mg/kilo au bout d'une année. "À notre connaissance dans la littérature scientifique et de manière générale, personne [avant cette étude] n’avait démontré que l'octocrylène se dégradait en benzophénone", a expliqué sur franceinfo le chercheur Philippe Lebaron, professeur en microbiologie, enseignant à la Sorbonne. "Et je pense que c’est important d'alerter à la fois les fabricants de ces molécules et en même temps d'alerter les consommateurs sur le fait que les produits qui contiennent de  l'octocrylène sont potentiellement dangereux."

Les chercheurs invitent donc les fabricants à éliminer l'octocrylène de leurs cosmétiques. "Il faudrait interdire les produits qui contiennent du benzophénone et de l'octocrylène", a affirmé sans ambages Philippe Lebaron.

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