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Marges "excessives" sur l'alimentation : des baisses de prix peu probables, malgré les négociations commerciales entre industriels et distributeurs

Des associations de consommateurs ont écrit une lettre ouverte à Emmanuel Macron pour dénoncer les marges sur les produits alimentaires. Une baisse de prix est cependant peu réaliste dans les prochaines semaines.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un caddie vide dans un rayon de supermarché. (DENIS CHARLET / AFP)

Quatre associations de consommateurs, Familles Rurales, Foodwatch, l'UFC-Que Choisir et la CLCV, adressent une lettre ouverte mercredi 29 novembre à Emmanuel Macron. Elles veulent ainsi dénoncer des marges qu'elles jugent excessives sur les produits alimentaires et demandent au président de la République d'instaurer une transparence totale et immédiate sur ces marges.

Cette lettre ouverte intervient alors que les fameuses négociations commerciales, entre les industriels et les distributeurs, se déroulent en ce moment. Le calendrier a été avancé par le gouvernement pour pouvoir répercuter au plus vite des baisses de prix dans les rayons. Mais un reflux semble assez peu probable, à en croire en tout cas les industriels.

Ils l'expliquent notamment par la poursuite de la hausse de leurs coûts de production, de transports ou d'emballages notamment, même si elle s'est un peu atténuée ces derniers mois, sauf pour l'énergie. L'Association nationale des industries alimentaires (ANIA), qui regroupe 19 000 entreprises, dont 98% de PME, anticipe donc une hausse moyenne des prix de vente des produits alimentaires de 2 à 4% en 2024. Il ne s'agit toutefois que d'une moyenne car les tarifs de certaines matières premières, comme les céréales ou les œufs, sont en revanche en recul. Cela laisse espérer de petites baisses de prix pour les consommateurs sur le riz, les pâtes voire les gâteaux.

La grande distribution met la pression

Les négociations commerciales se déroulent en tout cas dans un climat d'inquiétude, aussi bien du côté des industriels que des distributeurs. Tous les acteurs ne peuvent que constater un phénomène inédit de déconsommation et de baisse des ventes dans les rayons alimentaires des supermarchés en raison de l'inflation, avec une baisse de 4,5% du volume de ventes depuis le début de l'année.

La grande distribution met donc une pression maximale sur les industriels pour obtenir des baisses de prix, d'autant que la concurrence entre les enseignes est féroce. Carrefour et Leclerc sont souvent décrits comme les plus agressifs en la matière. Certaines enseignes ont même commencé les négociations cette année en exigeant un rabais de 30% sur les prix actuels, confient des PME un peu affolées.

Des baisses de prix vraiment répercutées sur les consommateurs ?

Le raccourcissement du calendrier pour aboutir à un accord, jusqu'au 15 janvier au lieu du 1er mars pour les plus petites entreprises, ne facilite pas les choses. Il y avait jusqu'à 12 rounds de négociations avec chaque distributeur, contre seulement trois ou quatre pour celles qui se déroulent en ce moment, confie un industriel. Beaucoup se résolvent déjà à devoir baisser leur prix mais dans des marges qu'ils jugent raisonnables, de l'ordre de moins de 5%, sans être sûrs que les distributeurs répercutent finalement ces baisses aux consommateurs.

L'ANIA fait ainsi remarquer que l'inflation a été plus forte cette année sur les produits de marques de distributeur, les MDD, que pour les marques nationales. Une manière de renvoyer la balle dans le camp de la grande distribution.

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