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Forum de Davos : l'inflation causée par le conflit en Ukraine, "c'est le prix à payer pour défendre nos valeurs", estime le gouverneur de la Banque de France

L'objectif est "de ramener l'inflation à 2% d'ici 2024", estime sur franceinfo François Villeroy de Galhau, à l'occasion de l'ouverture du Forum économique mondial de Davos.

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Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, participe à la réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF) à Davos, le 23 mai 2022. (FABRICE COFFRINI / AFP)

"Depuis le premier jour de l'invasion de l'Ukraine, les Européens ont fait un choix économique courageux", déclare sur franceinfo lundi 23 mai François Villeroy de Galhau, à l'occasion de l'ouverture du Forum économique mondial de Davos, en grande partie consacré aux conséquences économiques de la guerre menée par le Kremlin. Pour le gouverneur de la Banque de France, "nous savions que cela signifierait moins de croissance, plus d'inflation, mais d'une certaine façon, c'est le prix à payer pour défendre nos valeurs."

franceinfo : le monde économique a aussi un rôle à jouer dans le conflit en Ukraine ?

François Villeroy de Galhau : depuis le premier jour de l'invasion de l'Ukraine, les Européens et les démocraties en général ont fait un choix économique courageux. Nous savions que cela signifierait moins de croissance, plus d'inflation, mais d'une certaine façon, c'est le prix à payer pour défendre nos valeurs, pour défendre l'Ukraine et sa liberté. Il y a eu aussi un appel à l'aide, déjà à très court terme, sur la situation financière de l'Ukraine. Il se trouve que j'ai participé la semaine dernière à une réunion du G7 en Allemagne et la somme de 19 milliards d'euros pour aider l'Ukraine a déjà été réunie, c'est plus que ce qui était espéré. Je crois que la mobilisation est déjà très forte et c'est un cas où, en faveur de la démocratie, de la solidarité, de la paix, nous acceptons de payer un prix économique.

La présidente de la Banque centrale européenne Christine Lagarde sera à Davos demain, elle explique que la BCE sortira d'ici la fin du troisième trimestre des taux négatifs, ce qui signifie une hausse des taux directeurs d'ici septembre, c'est le bon timing ?

Avant de revenir sur les taux, il faut revenir à ce qui est la cause de nos actions, c'est-à-dire l'inflation. En France elle est nettement inférieure à la moyenne de la zone euro. On est autour de 5% contre plus de 7%. C'est déjà trop pour nos concitoyens et ce n'est pas seulement un choc énergétique. On pourrait dire que l'inflation n'est pas seulement plus haute qu'avant, elle est aussi plus large, c'est-à-dire qu'elle se répand à un ensemble de biens et services. C'est le signe que la banque centrale doit agir dans le sens de ce qu'on peut appeler la normalisation.

Cela veut-il dire que l'argent va coûter plus cher ?

Cette normalisation, c'est une forme de retour à la normale. Jusqu'à présent, il n'y avait pas assez d'inflation et donc on avait un argent qui était à taux exceptionnellement bas, même des taux négatifs pour les Etats. Là, nous allons commencer par lever le pied de l'accélérateur d'inflation. Il n'y en a plus besoin aujourd'hui et on va revenir vers des conditions de taux qui vont rester favorables. Cela a un objectif qui est essentiel, c'est de ramener l'inflation à 2% d'ici 2024. Ce n'est pas seulement notre prévision, c'est notre engagement.

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