"Cheapflation" : six marques épinglées par Foodwatch, accusées d'avoir modifié leurs recettes et augmenté leurs prix "en catimini"

La "cheapflation", une pratique qui consiste à réduire, supprimer ou substituer un ingrédient par un autre ingrédient moins cher et/ou de moins bonne qualité.
Article rédigé par franceinfo
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Un client d'un supermarché fait ses courses. Image d'illustration. (GUILLAUME SALIGOT / MAXPPP)

Six grandes marques sont épinglées par Foodwatch, accusées d'avoir modifié les ingrédients de leurs recettes et d'avoir augmenté le prix au kilo de leurs produits sans en avertir les consommateurs, rapporte l'ONG dans son enquête que franceinfo a pu consulter mardi 6 février.

Les marques dans le viseur de Foodwatch sont  After Eight (Nestlé), Bordeau Chesnel, Findus, Fleury Michon, Maille (Unilever) et Milka (Mondelez). Elles sont soupçonnées de "cheapflation", une pratique qui consiste à réduire, supprimer ou substituer un ingrédient par un autre ingrédient moins cher et/ou de moins bonne qualité. Cette pratique permet aux industriels de limiter leurs coûts tout en proposant des produits au même prix, voire plus cher. 

Des consommateurs "doublement perdants"

Concernant par exemple la marque Findus, Foodwatch affirme qu'en avril 2023 la marque a diminué la quantité de chair de poisson de 75% à 71% dans son colin d'Alaska à la bordelaise. En parallèle, le prix au kilo du produit a augmenté de 47% en tenant compte de l'inflation. Au sujet des chocolats After Eight, Nestlé est accusé d'avoir ajouté différentes matières grasses végétales, dont de l'huile de palme, entre fin 2021 et 2024.

Foodwatch lance donc une action d'interpellation de ces marques et des distributeurs de la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD), de Leclerc et Intermarché (non-membres de la FCD) et de l’Association nationale des industries alimentaires (ANIA). "Avec la 'cheapflation', les consommateurs et consommatrices sont doublement perdants", s’indigne Audrey Morice, chargée de campagnes chez Foodwatch qui relève, mercredi 7 février sur franceinfo, "un manque de transparence". "Les industriels se gardent de communiquer sur les changements de recette qui ne sont pas affichés en face avant, c'est opaque", affirme-t-elle.

Si "ce ne sont pas des pratiques illégales" mais "abusives", les industriels "jouent sur un flou de la réglementation européenne qui dit que le produit, le prix, la publicité ne doivent pas induire les consommateurs en erreur", explique l'ONG. Or "les consommateurs se sentent floués", souligne sur franceinfo Audrey Morice.

Un "système alimentaire à la dérive"

Elle explique que les marques justifient leurs choix notamment par la hausse des coûts des matières premières sur fond de grippe aviaire, de manque de céréales et d'explosion des prix suite à la guerre en Ukraine. "Le problème, c’est qu’on a l’impression qu’on perd en qualité alors que le prix au kilo augmente dans les rayons, affirme Audrey Morice. "Les changements de recettes sont quasi imperceptibles, on a de moins en moins d’ingrédients nobles alors que les prix dans les rayons augmentent parfois jusqu’à près de 50%."

Pour Foodwatch, "il faut remettre de la transparence dans ce système alimentaire à la dérive". "Ça suffit les magouilles des industriels", tranche l'association de défense des consommateurs. "Eux voient leurs marges et leurs profits exploser (…), c'est toujours les consommateurs et consommatrices qui, en bout de chaîne, trinquent", ajoute Audrey Morice.

Les prix de l'alimentation, principal moteur de l'inflation en 2023 avec un sommet à presque 16% au printemps, ont amorcé depuis un ralentissement, avec une hausse de 5,7% sur un an en janvier 2024.

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