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Vidéo Lagardère, la fin d'un empire ? Comment le fils du fondateur a liquidé l'héritage

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Durée de la vidéo : 4 min
Lagardère, la fin d'un empire ? Comment le fils du fondateur a détricoté l'héritage (Complément d'enquête / France 2)
Article rédigé par France 2
France Télévisions

Avec la prise de contrôle de son groupe par Vincent Bolloré, Arnaud Lagardère voit ce qui restait de son empire lui échapper. Le fils unique de celui qui était le patron le plus puissant d'Europe avait pourtant tout pour réussir... Cet extrait d'un document de "Complément d'enquête" à voir le 2 juin 2022 raconte comment, en une génération, l'héritage paternel a été liquidé.

A la grande époque, Lagardère, c'était trois radios (Europe 1, RFM, Virgin Radio), 1 300 kiosques Relay où le groupe vendait aussi ses propres magazines (Le JDD, Paris Match, Télé 7 Jours, pour ne citer qu'eux) et ses propres livres édités par le géant Hachette, les émissions de télé qu'il produisait, ses prestigieuses salles de spectacle... et aussi une entreprise spécialisée dans les missiles, célèbre pour son écurie de course automobile : Matra.

A la fin des années 1990, le groupe est au zénith. Jean-Luc Lagardère a parachevé l'œuvre de sa vie avec la naissance du géant de l'aéronautique EADS. Mais en mars 2003, il sombre brutalement dans le coma, frappé par le syndrome de Hurst, une maladie auto-immune très rare. Il décède quelques jours plus tard. "Pour respecter ce que [s]on père aurait voulu", son fils unique lui succède à la tête d'un groupe qui pèse près de 13 milliards d'euros et emploie 35 000 personnes. D'Arnaud Lagardère, qui a alors 42 ans, beaucoup pensent  qu'il ne voulait pas être patron, mais se sentait obligé de l'être.

Plus de la moitié du chiffre d'affaires perdue en dix-huit ans

En vingt ans, il aura en tout cas enchaîné les choix stratégiques contestés, les projets sans lendemain et les fiascos retentissants. Dans la branche Lagardère Sports, supprimée en 2020, aurait été englouti un bon milliard d'euros. Au même moment, sentant le secteur aéronautique trop politique pour lui, Arnaud Lagardère vend ses parts dans EADS. Une décision "catastrophique pour les actionnaires" que dénonce la juriste Colette Neuville.

"Si on regarde ce que valent maintenant les actions EADS par rapport au prix auquel elles ont été vendues, le calcul montre qu'on a un manque à gagner de 11 milliards."

Colette Neuville, présidente de l'Association de défense des actionnaires minoritaires (ADAM)

à "Complément d'enquête"

Au fil des ans, Arnaud Lagardère va aussi revendre la quasi-totalité de ses activités dans les médias. Il décide de se concentrer sur l'édition ainsi que sur les boutiques de gare et d'aéroport. Le chiffre d'affaires ne cesse de fondre, divisé par 2,5 en dix-huit ans. C'est maintenant le tout-Paris qui doute de l'héritier, dont l'image est plutôt celle d'un dilettante que d'un grand patron.

Peut-être pour corriger cette mauvaise image, il avait autorisé en 2017 une équipe de "Complément d'enquête" à assister à une réunion de travail chez Hachette, le fleuron du groupe. Mais si la maison d'édition, une machine à succès qui pèse 2,5 milliards d'euros, est passée en quinze ans de la 13e à la 3e place mondiale, c'est à un autre Arnaud qu'en reviendrait le mérite... Arnaud Nourry, le très respecté PDG de Hachette, a pourtant été débarqué en 2021. Le motif de cette éviction pourrait bien être son opposition affichée à tout rapprochement avec Editis, la filiale édition du groupe de Vincent Bolloré...

Extrait de "Lagardère : la fin d'un empire ?", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 2 juin 2022.

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