Reportage "Je ne peux plus travailler pour le gouvernement qui nous pique tout ce qui reste à la fin" : la colère des travailleurs du BTP

Des travailleurs du bâtiment ont manifesté jeudi dans le Jura. Ils critiquent notamment la fin de la niche fiscale pour le gazole non routier, confirmée par le ministre de l'Economie la veille.
Article rédigé par franceinfo - Paola Guzzo
Radio France
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Près de 360 professionnels du bâtiment étaient rassemblés à Lons-le-Saulnier, dans le Jura, le jeudi 7 septembre 2023. (PAOLA GUZZO / RADIOFRANCE)

Les artisans du secteur du bâtiment sont dans la rue. Près de 360 professionnels du bâtiment étaient rassemblés à Lons-le-Saulnier, dans le Jura, jeudi 7 septembre. Suite à l’appel au syndicat de la CAPEB, syndicat du bâtiment, ils protestaient contre les nouvelles mesures du gouvernement, notamment sur la fin de la niche fiscale sur le GNR (Gazole non routier), un gazole à bas prix dédié aux professionnels. Une disparition progressive, confirmée hier par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, à l’exception des transporteurs routiers.

>> Gazole non routier : la suppression de la niche fiscale confirmée pour les agriculteurs et le bâtiment, "les transporteurs pas concernés", annonce Bruno Le Maire

Cette manifestation était une action symbolique pour exprimer la détresse du secteur. Sébastien Roy travaille dans le bâtiment depuis toujours. Mais cette fois-ci, c'en est trop, il a décidé d'arrêter : "Ça me fait mal au cœur parce que c'est une entreprise familiale. Elle a 51 ans, elle a mon âge. C'est mon père qui l'avait créée. Je l'ai reprise en 1996. J'étais volontaire. J'aime mon métier. C'est un métier passion, mais je peux plus".

La goutte d'eau, pour l'artisan maçon, c'est la hausse de la TVA de 10 à 20% prévue par le gouvernement : "J'avais une belle entreprise qui fonctionnait très bien. Je n'arrête pas parce que je suis en déficit. Loin de là. On a la trésorerie, on a du matériel en état. On va tout vendre, ça va faire un bon capital. Mais je ne peux plus travailler pour le gouvernement qui nous pique tout ce qui reste à la fin."

La fin de la niche fiscale du gazole non routier divise

L'autre point majeur contre lequel se bat le secteur, c'est la disparition progressive des réductions sur le gazole non routier, celui utilisé par les professionnels du secteur. Cela agace profondément Nicolas Poux, artisan fabricant d'escaliers : "Pour les camions ou les pelleteuses que vous voyez, il n'existe pas de machines avec des moteurs électriques". 

"Le gouvernement arrive après 50, 60 ans d'incurie. Il impose des choses qui vont dans le sens de l'écologie pour laquelle on est tout à fait d'accord, mais pour lesquelles il n'y a aucune solution".

Nicolas Poux, artisan fabricant d'escaliers,

à franceinfo

L’exaspération des professionnels, David Lemaire la constate aussi au niveau national, il est secrétaire général de la Chambre nationale des artisans, travaux publics et du paysage : "Le souci majeur est l'inflation qu'on ne maîtrise pas sur les matériaux et sur les carburants. Ensuite, on a des contraintes liées aux déchets, qui s'ajoutent. Aujourd'hui, on paye une contribution pour le traitement de ces déchets sans avoir de solutions réelles. La trésorerie de nos entreprises est en souffrance. Et puis enfin, on a ce carnet de commandes avec une érosion qui est due à la construction neuve qui est en déficit de plus de 30 %". 

La manifestation s'est terminée par une marche funèbre symbolisant la mort du métier d'artisan du BTP jusqu'à la préfecture. (PAOLA GUZZO / RADIOFRANCE)

La manifestation s'est terminée par une marche funèbre jusqu'à la préfecture. Devant laquelle les manifestants ont apporté un cercueil symbolisant la fin prochaine de leur activité.

L'artisanat du BTP "à bout" : reportage de Paola Guzzo

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