Guerre en Ukraine : France Industrie "n'a pas identifié de situation particulièrement critique sur nos grands groupes"
"Comme toutes les industries du monde, l'industrie française est dépendante d'une mondialisation qui a construit des chaînes d'approvisionnement", constate Alexandre Saubot, le président de France Industrie. Une seule solution : elle doit "se réorganiser".
En dépit de la guerre en Ukraine et des problèmes d'approvisionnement des semi-conducteurs, Alexandre Saubot, président de France Industrie, n'identifie pas "de situations particulièrement critiques sur nos grands groupes", assure-t-il lundi 21 mars sur franceinfo. Pourtant l'usine Renault de Battilly, en Meurthe-et-Moselle, manque de pièces pour construire son fourgon Renault Master et restera fermée cette semaine avec 2 700 salariés qui se retrouvent au chômage partiel. Selon Alexandre Saubot, l'industrie française doit se réorganiser. Cela prend du temps pour "trouver des solutions alternatives". Il assure que "dans quelques mois ou quelques années", on retrouvera "un mode de fonctionnement beaucoup plus harmonieux et beaucoup moins agité" qu'aujourd'hui.
franceinfo : Notre industrie est-elle trop dépendante ?
Alexandre Saubot : Elle est comme toutes les industries du monde. Elle est dépendante d'une mondialisation qui a construit des chaînes d'approvisionnement. Personne n'a anticipé ni une guerre aux frontières de l'Europe ni l'ampleur des perturbations créées par une crise sanitaire mondiale."
"Il faut maintenant le temps que les industriels s'adaptent pour réinternaliser certaines productions, trouver des fournisseurs plus près même s'ils ne sont pas tout à fait au même prix."
Alexandre Saubot, président de France Industrieà franceinfo
Ça prend du temps. Il faut qualifier des fournitures, il faut réorganiser des chaînes d'approvisionnement, il faut refabriquer un certain nombre de choses. On est dans cette période où l'on enchaîne depuis un peu plus de deux ans des perturbations d'une ampleur que personne n'avait imaginée. Et donc, c'est toute cette période que l’on connaît aujourd'hui qui doit nous permettre, dans quelques mois ou quelques années, de retrouver un mode de fonctionnement qui soit beaucoup plus harmonieux et beaucoup moins agité que ce qu'on connaît aujourd'hui.
Avez-vous une inquiétude particulière pour l'industrie automobile ?
Pas que pour l'industrie automobile. La pénurie de semi-conducteurs qu'on connaît maintenant depuis une petite année va durer encore l'essentiel de cette année, dans un certain nombre de secteurs, puisque les experts du monde du semi-conducteur estiment que la demande restera en 2022 à peu près 20% supérieure à l'offre. Des gens qui ne pourront pas fabriquer, des difficultés dans les chaînes d'approvisionnement, on en connaîtra encore tout au long de l'année, et pas que dans l'automobile, même si c'est le plus visible, le plus emblématique est sans doute là que les difficultés sont les plus grandes. On en a à beaucoup d'endroits. Il faut aussi faire confiance aux industriels pour trouver des solutions alternatives. Il y a tout le sujet d'avoir un peu plus de stocks. On le voit aussi sur certaines matières premières de Russie ou d'Europe de l'Est. On va reconstituer des stocks quand on n’en avait pas assez. On va trouver des fournisseurs alternatifs. C'est tout ce travail qui est en train d'être fait. Mais au moment où le choc se produit, il y a des perturbations, effectivement.
Quelles sont les autres industries qui risquent de souffrir longtemps ?
Forcément, ça aura des conséquences économiques. Maintenant, il appartient à chaque groupe concerné de commenter en détail les effets. Aujourd'hui, ça fragilise certains puisque c'est un peu moins de business ou du travail plus compliqué, ou des activités qui vont s'arrêter ou des investissements qui ne vont pas se faire. Est-ce que ça met les groupes en danger à ce stade ? Vu de France Industrie, on n'a pas identifié de situation particulièrement critique sur nos grands groupes, mais c'est à eux de préciser les conséquences exactes.
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