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ArcelorMittal : "Le verdissement d'une activité comme la sidérurgie ne constitue en rien une menace pour l'emploi", assure un spécialiste

Le groupe ArcelorMittal a annoncé un investissement d'1,7 milliard d'euros pour verdir sa production d’acier dans ses usines françaises de Dunkerque et de Fos-sur-Mer.

Article rédigé par franceinfo
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L'usine de production d'acier d'Arcelor Mittal à Fos-Sur-Mer, le 23 juillet 2020 . (CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)

Vincent Charlet, délégué général de la Fabrique de l’industrie [lieu de réflexion et de débats, dédié aux problématiques de l’industrie], a assuré ce vendredi sur franceinfo que "le verdissement d'une activité comme la sidérurgie ne constitue en rien une menace pour l'emploi". ArcelorMittal va remplacer des hauts-fourneaux français pour verdir sa production d’acier. Le groupe a annoncé 1,7 milliard d'euros d'investissements pour ses deux usines de Dunkerque et Fos-sur-Mer. La décarbonation de l’industrie est un enjeu majeur pour gagner "une course contre la montre", et c'est, selon lui, "le meilleur moyen, au contraire, de garder une activité sur notre sol".

franceinfo : ArcelorMittal n'a pas le choix que de verdir son industrie ?

Vincent Charlet : On est tous engagés dans une course contre la montre, bien sûr, pour réussir à réduire les émissions et notamment les émissions industrielles. Et le secteur de la sidérurgie est un des tout premiers concernés puisqu’il est fortement émetteur. La dépense d'énergie représente une forte part de son activité et de son chiffre d'affaires. Donc, pour ces secteurs-là qui sont en amont des chaînes de valeur, la course contre la montre dont je parle est plus pressente encore puisqu’il faut investir dès maintenant pour réussir à pouvoir survivre dans une ère, bientôt proche, où le carbone coûtera cher.

Peut-on craindre pour l’emploi à ArcelorMittal ?

Selon les études économiques, le verdissement d'une activité comme la sidérurgie ne constitue en rien une menace pour l'emploi. C'est plutôt, au contraire, une garantie de préservation puisque, si l'Union européenne est un peu en avance sur les autres grandes parties du monde dans l'application d'un certain nombre de régulations de tarification pour réussir à baisser les émissions. Si la concurrence devenait difficile, ce serait effectivement une menace pour l'emploi. Réussir à verdir des procédés, c'est le meilleur moyen, au contraire, de garder une activité sur notre sol.

Pour maintenir les industries en France, elles doivent se verdir absolument ?

Pour la France et même pour l'Europe dans son ensemble. Parmi les grandes sources d'émissions de CO2, l'industrie est plutôt celle qui est aujourd'hui la plus en avance par rapport à l'agriculture, au tertiaire ou au logement. Mais, on sait que des investissements colossaux sont devant nous et cela montre que depuis le temps qu'on en parle, c'est en train de devenir une réalité. Les conditions d'investissement ou les chiffres en jeu constituent un rempart quasiment infranchissable pour un industriel qui serait laissé seul.

Donc, il est normal, si on se place du point de vue de la politique publique, d'accompagner les grands secteurs émetteurs de CO2, aujourd'hui, dont la sidérurgie, de manière à ce qu'ils puissent pérenniser l'activité en Europe et ne pas souffrir de ce qu'on appelle des fuites de carbone, c'est-à-dire, en gros, la concurrence qui sera insoutenable par les pays proches ou lointains qui ne n'appliqueraient pas les mêmes régulations carbone que l’Union européenne.

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