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Incidents à répétition sur le Dreamliner de Boeing : faut-il s'inquiéter ?

Un B-787 a dû atterrir en urgence au Japon mercredi. Et ce n'est pas le premier problème rencontré par l'appareil. Francetv info a interrogé un chercheur du CNRS.

Article rédigé par Louis San - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un Boeing 787 de la compagnie japonaise All Nippon Airways (ANA), sur le tarmac de l'aéroport de Tokyo (Japon), le 16 janvier 2013. (YOSHIKAZU TSUNO / AFP)

Plus de peur que de mal. Un Boeing 787 Dreamliner de la compagnie japonaise All Nippon Airways (ANA) a atterri en urgence, mercredi 16 janvier, dans le sud du Japon. Quelques personnes ont été légèrement blessées lors de l'évacuation par les toboggans.

C'est le septième incident en deux semaines qui affecte le nouvel appareil du constructeur américain. Une série noire pour Boeing alors que le Dreamliner, déjà arrivé sur le marché avec trois ans de retard, mise sur son côté innovant avec ses ailes et son fuselage faits à 50% de matériaux composites. Pour mieux comprendre ces problèmes à répétition, francetv info a interrogé avec Alain Combescure, chercheur au Centre nationale de la recherche scientifique (CNRS) au Laboratoire de mécanique des contacts et des structures.

Francetv info : Comment expliquer cette série d'avaries ?

Alain Combescure : Désormais, les appareils de haute technologie sont conçus sur ordinateur avec des logiciels de simulation. [En 2006, Boeing avait communiqué sur la conception d'un 787 virtuel grâce à des logiciels de Dassault qui simulaient le vieillissement des pièces et l'évolution de l'avion]. Les gens se disent : "Je l'ai conçu sur ordinateur et ça marche". Mais c'est un mirage de faire croire qu'il n'y a pas de problèmes. Il y a toujours des ennuis quand on lance des produits très perfectionnés, comme le Dreamliner [arrivé sur le marché en septembre 2011].

On croit avoir progressé avec l'informatique mais ce n'est pas le cas. Rien ne remplacera le retour d'expérience, la confrontation avec l'empirique. Quoi qu'on en dise, on ne pourra pas échapper à cette manière de faire.

Il n'est donc pas étonnant que de tels ennuis se produisent ?

L'A380 a aussi connu des problèmes à ses débuts. Ils font partie du processus normal des produits de haute technologie. Cela peut prendre près d'un an avant qu'ils soient résolus. Ainsi, ce sont les premiers utilisateurs qui en pâtissent. Les compagnies japonaises ont été les premières à être livrées pour le Dreamliner et ce sont elles qui ont passé les plus grosses commandes. Il n'est donc pas étonnant qu'elles subissent ces désagréments.

Le Dreamliner est un appareil qui comporte une grande part de matériaux composites. Contrairement au métal que l'on commence à bien appréhender, nous connaissons moins ces matériaux et la façon dont ils réagissent vraiment. Par exemple, on sait qu'il est difficile de rendre étanche ce type de matériau. On peut donc s'attendre à ce qu'un peu d'eau s'y infiltre. Sauf que cette eau, une fois en altitude, gèle, prend plus de volume, et provoque de microfissures. Ce genre de problème est attendu.

Faut-il les craindre ?

Non. On peut prendre l'avion en toute tranquillité. Il y a encore des ingénieurs qui prennent des décisions, et pas que des financiers. Toute une chaîne de maintenance est mobilisée et aucun risque n'est pris : la moindre pièce défectueuse est changée.

Et le suivi est rigoureux. Les contrôles sont nombreux et les enquêteurs mènent les investigations nécessaires [le Bureau d'enquête et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile a d'ailleurs indiqué à francetv info qu'un enquêteur américain s'est rendu au Japon].

Le nombre d'accidents aériens est extrêmement bas. On compte un accident d'avion pour 5 millions de vols commerciaux. On peut toujours faire mieux mais c'est quand même rassurant.

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