Reportage "Est-ce qu'on va gagner un petit peu ? L'avenir nous le dira" : la baisse de la TVA pour les centres équestres fait espérer le secteur

Les centres équestres vont pouvoir bénéficier d'une baisse de la TVA à partir de 2024. Une aubaine pour un secteur qui s'était serré la ceinture pendant dix ans.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Les cavaliers du club hippique des Joncs Marins à Brétigny-sur-Orge, dans l’Essonne, saluent la baisse de la TVA à partir de 2024. (CAMILLE MARIGAUX / FRANCEINFO)

C'est l'un des changements du 1er janvier 2024 qui est particulièrement attendu par les centres équestres : le changement de TVA sur les leçons d'équitation. Aujourd'hui de 20%, il va repasser à 5,5%. Le ministre de l'Économie Bruno le Maire l'avait annoncé en octobre, saluant une "excellente nouvelle" pour les deux millions de Français qui pratiquent ce sport.

En 2013, la Cour de justice de l'Union européenne avait en effet décidé de soumettre l'ensemble des activités équestres "encadrées" à ces 20% de TVA : les reprises, c'est-à-dire les leçons, comme les promenades en extérieur. Ce retour "à la normale" est donc une bouffée d'oxygène pour les clubs qui se sont serré la ceinture ces dix dernières années.

"On travaille presque gratuitement toute l'année"

Dix ans que Géraldine Wattron compte chaque euro pour son club de Brétigny-sur-Orge, en Essonne. La monitrice se souvient, en 2013 d'un véritable "coup de massue". "Ça a été petit à petit une descente progressive jusqu'en 2018-2019 où je me suis demandée si je devais fermer", raconte Géraldine Wattron. Avec une trentaine de chevaux à nourrir, deux salariés à payer, il a fallu trouver comment tenir sans augmenter les tarifs ou presque, avec quelques euros de plus sur des forfaits qui en valent 180. "Le changement de cette TVA, c'était notre problème et pas ceux de nos cavaliers, explique la monitrice. La première chose [à laquelle on touche] c'est le salaire personnel, celui qu'on se verse, qui saute. Du coup, on travaille presque gratuitement toute l'année", précise, en parlant d'elle-même, Géraldine Wattron.

Cette baisse de la TVA à partir de 2024 est une aubaine pour un secteur qui s'était serré la ceinture pendant dix ans. (CAMILLE MARIGAUX / FRANCEINFO)

Serge prépare une grande jument grise. Il monte au club depuis presque 40 ans, presque sans compter pour lui, sa femme et ses deux enfants. "C'est très agréable, mais à quatre ça fait un budget quand même, explique-t-il. En plus que les quatre veulent sortir et faire une randonnée ou une compétition, ça se ressent. On a eu de la chance parce que c'est le club qui absorbe les augmentations."

C'est seulement en 2022 que Géraldine Wattron a recommencé à se payer, environ 1 000 euros par mois et cette baisse de TVA soulage la monitrice, qui a déjà refait sa clôture et va verser une prime à son équipe, mais pas plus pour le moment. "Nous avons aussi une augmentation du foin, de la paille et des granulés... Donc est-ce qu'on va gagner un petit peu ? L'avenir nous le dira", estime-t-elle.

La fin d'un flou fiscal

Sur une heure d'équitation tarifée un peu plus de 20 euros, une partie seulement, l'enseignement, était en fait soumise à ces 20% de TVA depuis 2013. L'autre partie, la location du cheval ou du matériel, est restée à 5,5% avec une répartition souvent laissée à la discrétion des clubs qui vont aussi sortir du flou fiscal.

Depuis dix ans, et la hausse de la TVA, Géraldine Wattron comptait chaque euro pour son club de Brétigny-sur-Orge, en Essonne. (CAMILLE MARIGAUX / FRANCEINFO)

Baptiste Auclair gère deux centres équestres à une quinzaine de kilomètres de Brétigny-sur-Orge. "J'ai subi un contrôle fiscal où effectivement les différents contrôleurs n'étaient pas d'accord entre eux et tout le monde s'y perdait un peu", raconte le gérant.

"Le fait de revenir à une fiscalité à 5,5% et uniforme, cela va permettre d'être beaucoup plus serein et savoir s'organiser de façon claire et précise"

Baptiste Auclair, gérant de centres équestres

à franceinfo

Et notamment conserver la totalité de son équipe réduite, passée de 11 à cinq salariés ces dernières années. L’escalade, le fitness, ou encore le yoga ont aussi demandé au gouvernement le même soutien fiscal que celui accordé à l’équitation, une TVA à 5,5% contre 20% aujourd'hui.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.