Sulfateuses à PV: des soignants pénalisés

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Durée de la vidéo : 4 min
les sulfateuses à PV
Article rédigé par L'Oeil du 20 heures
France Télévisions
Jamais les automobilistes n’ont reçu autant de contraventions. Police municipale ou voiture radar surnommée aussi sulfateuse à PV, rien ne leur échappe, et certains soignants ou personnes en situation de handicap s’estiment victimes d’amendes abusives.

À son compte depuis 10 ans, Julina Destilice infirmière libérale dans les Hauts-de-Seine n'aurait pas imaginé refuser un jour des patients, à cause du stationnement. En principe avec son caducée, elle peut se garer gratuitement sur les places payantes, mais elle en trouve rarement. Il lui arrive donc de stationner sur des places livraison. Régulièrement verbalisée, elle a fini par choisir ses patients, en fonction de leur adresse.

" je demande aux clients où ils habitent et en fonction je les prends ou non. Une amende de 135 euros pour un soin à 7 euros ca vaut pas le coup"

Julina Destilice infirmière libérale dans les Hauts-de-Seine

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Car depuis plusieurs années, elle croule sous les amendes. Dans son cabinet à Rueil Malmaison, elle en étale sur son bureau plus d'une vingtaine. Elle ne les a même jamais comptées "ça va me faire pleurer" dit-elle. L’infirmière considère que c’est de l'injustice et  qu'elle ne fait pas exprès de mal se garer. En 2022, elle a même eu plus de 2000 euros de saisie sur son compte en banque.

Le système LAPI, cauchemar des automobilistes

Depuis 2018, les amendes sont gérées par les communes qui fixent elles-mêmes le tarif des contraventions, devenues FPS, forfait post-stationnement. Elles peuvent confier les verbalisations à des agents municipaux, mais aussi à des sociétés privées qui utilisent des voitures avec un système appelé  (LAPI) lecture automatique des plaques d’immatriculation. Mais ces robots roulants avec leurs caméras sur le toit, appelés aussi sulfateuses à PV, ne voient ni les caducées, ni les cartes des personnes en situation de handicap.

Un caducée devenu obsolète

À Toulouse, Karen Jeuland l’a constaté à ses dépens. Atteinte d’une maladie chronique, avant, grâce à son macaron elle se garait sans souci. Aujourd'hui son macaron ne lui sert plus à rien. Comme beaucoup dans son cas, elle dit qu’elle n’avait pas été prévenue de la nécessité de s’inscrire auprès de la mairie. Depuis le système LAPI, elle cumule, elle aussi les PV.Elle a même dû emprunter pour les payer et les recours lui laissent peu d’espoir.

“L’impact est énorme,je me suis mise à recevoir plusieurs amendes par jour et j’ai dû avancer plus de mille euros"

karen Jeuland travailleuse sociale en situation de handicap Toulouse (Haute-Garonne)

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Pour les villes qui ont investi dans ces voitures radars, le stationnement est devenu une manne.

Selon ces documents que nous nous sommes procurés, chaque année le bénéfices grimpent :  

2,7 millions de recettes en 2021, 3,3 millions en 2023 et près de 6 millions prévus cette année pour la métropole de Toulouse. Pour éviter les erreurs, après avoir été scannées, les plaques des voitures garées sont vérifiées dans une salle de contrôle. Mais de l’aveu même, d’un agent de la ville, certaines professions sont lésées.

Avant quand nous étions à pied et que l'on voyait un mot sur le pare-brise des soignants, on avait cette latitude de dire, c‘est bon, on vous laisse tranquille. Maintenant ce n'est plus possible.

Un agent de la ville de Toulouse anonyme

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Contactée, la mairie de Toulouse précise que les agents doivent désactiver le système LAPI à l'approche des places handicapées, qu'aucun objectif chiffré n'est demandé aux équipes, le but, selon elle, étant de mieux partager l'espace public.

PARMI NOS SOURCES :

https://www.budget.gouv.fr/files/uploads/extract/2023/PLR/CAS/PGM/753/FR_2023_PLR_CAS_PGM_753_STRAT.html

Le procès-verbal électronique | ANTAI.gouv.fr

 La défaillance du forfait de post-stationnement : rétablir les droits des usagers

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