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Remaniement, prélèvement à la source : "Emmanuel Macron a peut-être perdu un peu le fil de là où il veut emmener les Français"

Longue journée pour l'éxecutif qui doit procéder à un remaniement mardi 4 septembre et trancher aussi la question du prélèvement à la source. Pour Stéphane Rozès, enseignant à Science Po-Paris, "la vraie question c'est où nous emmène Emmanuel Macron ?"

Article rédigé par franceinfo - Édité par Thomas Pontillon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Stéphane Rozès, président de Cap enseignant à sciences po et HEC dans le studio de franceinfo, le 30 avril 2018. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Avec le remaniement ministériel et le prélèvement à la source le gouvernement a sur son bureau deux dossiers importants qui peuvent fragiliser la popularité d'Emmanuel Macron, comme l'analyse, mardi 4 septembre sur franceinfo, Stéphane Rozès, président de la société de conseil CAP, enseignant à Science Po-Paris et HEC. 

franceinfo : Ces deux dossiers vont-t-ils fragiliser Emmanuel Macron ?

Stéphane Rozès : Ces dossiers s'inscrivent dans l'idée qu'Emmanuel Macron a perdu, peut-être, un peu le fil de là où il veut emmener les Français. La démission de Nicolas Hulot, les interrogations fiscales sur le prélèvement à la source, derrière ça, la vraie question c'est où nous emmène Emmanuel Macron. Quelle est sa politique ? Est-ce qu'elle vise à renforcer notre modèle ou à nous adapter à un monde extérieur qui pose problème aux Français ?

Cette image du président jupitérien est-elle écornée ?

Elle est écornée parce qu'au fond depuis quelques mois ces éléments semblent indiquer que le lien avec les Français s'est émoussé. Quand les Français élisent Emmanuel Macron, ils veulent le retour du politique. Emmanuel Macron escomptait un mouvement en Europe pour redonner de l'air à la croissance européenne, or, la chancelière allemande a dit non. Le deuxième étage de la fusée du macronisme étant en panne, il semble dire aux Français, on réforme pour réformer. Mais pour les Français, la réforme n'est pas une finalité mais un moyen. 

Sur le prélèvement à la source, Emmanuel Macron a déclaré lundi à des élus : "Imaginez qu'il y ait 100 000 bugs, avec ça on peut brûler un capital politique". N'est-ce pas un peu terre à terre ?

Oui, c'est un peu terre à terre et ça ne ressemble pas à l'image que les Français se faisaient au début d'Emmanuel Macron, porté par une vision, une posture et non pas un gestion à la petite semaine. Ce genre de questions est révélatrice d'une perte de sens et au fond d'une difficulté stratégique du président Macron. La seule chose qui le sauve, mais ça peut aussi être un danger, une illusion d'optique, c'est que pour l'heure il n'y a aucune alternative crédible à lui. Mais si le pays se délite, alors il trouvera une nouvelle personnalité inconnue comme Emmanuel Macron l'était il y a quatre ans.

A qui peut-il encore s'adresser ?

C'est à la France qu'il doit s'adresser parce que jusqu'à maintenant les Français ont laissé faire Emmanuel Macron sur des réformes qu'ils pouvaient trouver injustes, inégales. Pourquoi n'y a-t-il pas eu cristallisation des luttes ? Justement parce que le pays était prêt à supporter, à consentir, pour remettre le pays en marche et faire bouger les lignes en Europe.

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