Témoignage "J'ai perdu mon intimité et mon indépendance" : face à la crise du logement, ces Portugais contraints de retourner vivre chez leurs parents

Comme en France, le Portugal fait face à une crise du logement : 95% des jeunes âgés de 15 à 24 ans vivent toujours chez leurs parents. C'est l'une des proportions les plus élevées d'Europe. Rencontre.
Article rédigé par Boris Loumagne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une femme attend derrière la porte d'un immeuble dans le quartier d'Alfama, à Lisbonne, au Portugal. (PATRICIA DE MELO MOREIRA / AFP)

David Freitas a goûté à l'indépendance. Ce Portugais a travaillé à l'étranger plusieurs années, en France notamment, en tant que chef de cabine dans une compagnie aérienne. Il avait son logement, un salaire qui lui permettait de mettre un peu d'argent de côté. Mais il y a sept mois, quand il a décidé de rentrer au Portugal pour monter sa petite entreprise, le jeune homme de 27 ans n'a pas eu d'autre choix que de rentrer vivre chez ses parents, en banlieue de Lisbonne. "J'ai perdu mon intimité et mon indépendance. C'est peut-être une régression dans ma vie", regrette-t-il.

Le Portugal est en effet confronté à un important problème de logement, qui affecte particulièrement les plus jeunes. Résultat : le phénomène des "Tanguy", ces jeunes qui n'arrivent pas à quitter le domicile familial, continue de s'accentuer. Au Portugal, 95% des jeunes âgés de 15 à 24 ans vivent toujours chez leurs parents. C'est l'une des proportions les plus élevées d'Europe.

Pourtant, David n'a pas manqué de motivation : il a bien cherché un logement pendant quelques semaines. "Dans le centre de Lisbonne, tout est loué aux étrangers. Il n'y a presque plus de jeunes Portugais qui vivent au centre. Je n'ai aucun ami en tout cas qui vit là", précise-t-il.

"On ne peut pas faire grand-chose avec 1000 euros ici"

En attendant que sa petite entreprise décolle, David a regardé les offres d'emploi en tant que livreur ou serveur, mais les salaires mensuels ne dépassent jamais les 1000 euros. "On ne peut pas faire grand-chose avec 1000 euros ici. Lisbonne, si l'on compare avec d'autres villes européennes, est aussi chère que les villes les plus onéreuses. J'ai vécu en France et le prix du loyer et de la nourriture est le même qu'ici, mais là-bas les salaires sont deux à trois fois plus élevés qu'au Portugal...", fait-il remarquer.

Alors comment réagissent les jeunes portugais face à cette impasse ? "Nous, on ne fait pas de manifestation. On se plaint oui, mais entre nous, et puis on finit par accepter la situation..."

"Les gens sont résignés au fait qu'ils ne trouveront pas de logement, qu'ils n'auront pas de biens à eux."

David Freitas

à franceinfo

Quant à ceux qui ne résignent pas, beaucoup préfèrent quitter le pays. Plus d'un quart des Portugais âgés de 15 à 40 ans vivent à l'étranger. Alors pour freiner l'émigration de ses jeunes, le gouvernement vient d'annoncer une série de mesures qui leur sont directement destinées, comme des baisses d'impôts, ou des avantages fiscaux pour acheter un premier logement.

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