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Reportage Prêts immobiliers : "Aujourd'hui, presque aucun dossier n'échappe à la problématique du taux d'usure", de plus en plus d'emprunteurs renoncent à leur projet

Avec la remontée en flèche des taux bancaires depuis quelques mois, 45% d'acquéreurs ne peuvent plus obtenir de prêt et voient leurs dossiers retoqués. Les plus touchés sont les 30-55 ans.

Article rédigé par Renaud Candelier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une maison avec le panneau "À vendre" d'une agence immobilière, à Pfastatt, en Alsace.  (JEAN-FRANCOIS FREY / MAXPPP)

Les refus de prêts ne font qu'augmenter depuis trois mois et personne n'est épargné. "J'avais un client de 63 ans qui souhaitait acheter une nouvelle résidence principale. Il n'y avait aucun problème sur son dossier mais, à partir du moment où il a eu sa tarification d'assurance, l'assurance a été ajoutée au crédit et le dossier ne passait plus", explique Thomas Bertrand, conseiller chez Artémis courtage, à Paris. 

Avec la remontée en flèche des taux bancaires, il devient de plus en plus difficile d'obtenir un prêt immobilier. Des ménages à revenus modestes aux acquéreurs pourtant aisés, tous font face au même problème : leur dossier dépasse le taux d'intérêt maximum que les banques sont autorisées à pratiquer, aussi appelé taux d'usure. Selon l'Association française des intermédiaires en bancassurance (Afib), 45% des crédits ont été refusés à cause du taux d'usure et plus spécifiquement les 30-55 ans. Le risque est de se voir donc refuser un prêt si le taux initial du crédit, auquel s'ajoute tous les autres frais, dépasse ce taux d'intérêt maximum, actuellement à 2,60 %.

Taux d'usure et taux d'emprunt, l'effet ciseaux

Si le taux d'usure est fixé tous les trois mois par la Banque de France, les taux de crédit augmentent parfois chaque semaine. De nombreux acquéreurs sont ainsi pris en tenaille, comme Mylène-Sarah Illoul, 26 ans, qui souhaite construire une maison dans les Yvelines : "Dès que notre courtier a commencé à recevoir les refus, il nous a dit qu'il ne s'attendait pas du tout à ça. Il avait vu que les taux remontaient très vite, mais il ne pensait pas qu'il y aurait autant de refus à cause du taux d'usure... On est allés jusqu'à se dire qu'on laissait tomber, au vu de la conjecture actuelle."

"Aujourd'hui, presque aucun dossier n'échappe à cette problématique, déclare Laurent Gomez, courtier de l'agence Vousfinancer à Houdan, dans les Yvelines. Avant, nous étions exposés exclusivement sur des personnes dont le coût de l'assurance était un peu plus élevé. Aujourd'hui, même des jeunes de 30-35 ans sont exposés à des refus."

Les projets immobiliers au point mort

Mylène-Sarah Illoul parviendra à obtenir un crédit, grâce à un apport de ses parents. Pour d'autres, il faut faire jouer la concurrence entre assurances ou tout simplement renoncer à son projet. "Ça fait cinq ans que je fais de l'immobilier, assure Rémy Rafaitin, agent immobilier chez Futur Transactions, à Montigny-le-Bretonneux, dans les Yvelines. Aujourd'hui, j'ai des clients qui ont totalement arrêté leurs recherches car rien ne correspond plus à leur budget. En quatre mois, mes clients ne peuvent plus mettre autant et ont mis un frein à leur projet immobilier."

Le taux d'usure ne sera révisé que le 1er octobre 2022, et pendant ce temps, le marché de l'immobilier devrait continuer de ralentir.

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