Immobilier : face à la hausse des prix des maisons, acheteurs et vendeurs contraints de "faire des concessions"
Alors que les confinements liés au Covid-19 avaient vu les ventes de maisons bondir, les transactions marquent le pas depuis la fin de l'année. En cause : une augmentation des prix qui pousse les différents acteurs du marché à revoir leurs ambitions.
Le rêve de maison appartient-il déjà au passé ? Après l'accélération des ventes dans la foulée des confinements liés au Covid-19, les transactions marquent le pas : -14% pour les maisons neuves en décembre 2021, selon la fédération du bâtiment ; et pour l'ancien, les notaires prévoient une baisse en Île-de-France. Cette désillusion, Alexandra la connaît. "Le rêve s'est agrandi pendant le confinement mais il est inaccessible", regrette cette maman de deux enfants qui vit en appartement. Elle aimerait acheter une maison à Toulouse avec deux chambres et un jardin.
Ce projet est contrarié à cause des prix : les biens sont rares et donc plus chers, avec une augmentation de 7% en moyenne sur un an, voire plus dans certaines villes comme Rennes où il faut compter 19% d'augmentation pour les maisons anciennes. "Il faut vraiment faire des concessions sur pas mal de choses : enlever une chambre, avoir des mètres carrés en moins, un jardin plus petit ou seulement une terrasse, s'éloigner mais au prix où coûte l'essence maintenant...", témoigne Alexandra.
De 15 à 25% de surcoûts dans le neuf
La solution vient-elle alors des maisons neuves ? Pas forcément car, là aussi, la tendance est à la hausse des prix. "À la fin du mois de mars 2022, une maison avait augmenté de 6% par rapport à fin 2021", explique Fabien Cuminal, directeur général de Cofidim, constructeur de maisons en Île-de-France. Une hausse due à l'augmentation des prix des matériaux, comme le ciment, l'acier ou l'aliminium, mais aussi de l'énergie. "Pour fabriquer des tuiles, il faut des fours chauffés au gaz, qui a augmenté fortement." Les surcoûts risquent d'atteindre 15 à 25%.
Au-delà de la situation actuelle, l'avenir semble tout aussi compliqué pour les acteurs du marché. "On est un peu inquiets, confie Fabien Cuminal. On nous annonce tous les jours des futures hausses." Il estime que les prix pourraient encore augmenter de 3% d'ici la fin de l'année. Jusqu'à quand l'augmentation va-t-elle se poursuivre ? "On ne le sait pas", concède le directeur général de Cofidim.
"Ce qui est certain, c'est que ça ne rebaissera pas. Acheter un bien aujourd'hui signifie qu'il augmente tous les deux ou trois mois."
Fabien Cuminal, directeur général de Cofidimà franceinfo
Dans ces conditions, les clients ne sont pas les seuls à revoir leurs prétentions : les promoteurs aussi s'adaptent. "Plutôt que d'aller vers un quatre pièces confortable avec 80 mètres carrés, on regarde quelque chose de plus compact autour des 75 mètres carrés. Là où on voulait aller plutôt vers du haut de gamme avec des finitions poussées, on prend une gamme intermédiaire, moins chère en prix de sortie", détaille Philippe Zilberstein, de Capelli. Des adaptations sur la conception de la maison mais aussi sur le foncier. "Il faut être vigilant parce qu'aller un peu plus loin implique souvent une deuxième voiture, ce qui est - en ce moment - un dommage collatéral", précise-t-il.
Cerise sur le gâteau, la réglementation thermique a changé en janvier pour devenir plus exigeante sur l'isolation. Cela génère, là encore, des hausses de prix
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