Immobilier : les personnes âgées restent enracinées dans la maison familiale
Plus de la moitié des personnes âgées habitent leur logement depuis plus de vingt-cinq ans. A 73 ans, Danièle se retrouve seule dans une grande maison. Elle a accepté de témoigner pour francetv info.
Comment a évolué votre pouvoir d'achat immobilier depuis 2000 ? Combien avez-vous perdu ou gagné de mètres carrés ? C'est la question à laquelle francetv info va tenter de répondre toute cette semaine à travers une série d'articles et un moteur de recherche exclusif à retrouver ici : "Prix de l'immobilier, calculez l'évolution de votre pouvoir d'achat".
Les enfants ont grandi et sont partis, le conjoint n'est plus là et la maison paraît grande, mais difficile à quitter. Cette situation est celle de nombreuses personnes âgées en France. Selon l'Insee (document PDF), "plus de la moitié des ménages âgés habitent leur logement depuis plus de vingt-cinq ans, un sur cinq seulement a changé de logement au cours des dix dernières années". Par exemple, Danièle, 73 ans, se retrouve seule dans une grande maison de deux étages depuis la mort de son mari.
Quand les ménages âgés se décident à vendre, ils se retrouvent très souvent dans un logement plus petit. "Les personnes âgées qui ont déménagé disposent d'une surface inférieure de 15% (en moyenne 55 m2) à celle des sédentaires, l'écart atteignant même 25% pour les ménages d'une personne", précise l'Insee. La bulle immobilière des années 2000 a laissé des traces. Pendant cette période, les prix des logements anciens ont flambé, avant de baisser légèrement en 2009, puis de se stabiliser en 2011.
Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui, avec le même budget, on achète moins de mètres carrés. "Entre la fin des années 1990 et mi-2008, les prix des logements anciens ont augmenté de façon ininterrompue", selon l'Insee. Pour illustrer ce phénomène, francetv info a demandé à des Français de raconter leur expérience dans l'immobilier.
Danièle, près de Tours, vit seule dans 160 m2
Au début des années 1970, Danièle et son mari, qui vient d'être nommé assistant d'un professeur d'université, se promènent à Montbazon (Indre-et-Loire), lorsqu'ils ont un coup de cœur pour un terrain. Le cadre est tranquille, et tranche avec l'agitation du centre-ville de Tours, situé à 12 km. A l'époque, peu de maisons jouxtent le terrain : le quartier ne compte qu'une poignée d'habitants. Le couple décide de l'acheter.
Aujourd'hui, la population de Montbazon a pratiquement doublé : elle avoisine les 4 000 habitants. Danièle est mère de deux enfants et huit fois grand-mère. Elle vit seule dans la maison d'environ 160 m2 construite sur le terrain acheté avec son mari. Celui-ci, devenu professeur d'université au cours de sa carrière, est mort il y a quatre ans. Pour l'instant, Danièle ne se sent pas prête à déménager. "Etre propriétaire n'a pas une grande signification pour moi. Quand je le suis devenue, c'était facile. Ma maison est mon refuge, c'est pour cette raison précise que je veux y rester", explique-t-elle.
Danièle pense tout de même vendre un jour, "pour racheter un appartement dans une ville, ou une bourgade." "Je choisirai un endroit animé, pour continuer mes activités", précise-t-elle. Pas forcément dans les environs de Tours. "Pourquoi pas dans le Midi ? s'interroge-t-elle. Mais je ne sais pas si j'aurai les moyens de m'y installer, car c'est très cher."
Que révèle ce témoignage ?
Comme Danièle, même seules, les personnes âgées préfèrent rester dans leur logement. "En 2010, 53% des ménages âgés de 65 ans et plus sont des personnes seules, et 43% sont constitués de deux personnes. Ils disposent en moyenne de deux fois plus de surface que ceux de moins de 50 ans, car ils continuent fréquemment d'occuper le même logement après le départ des enfants ou le décès du conjoint", notent Samuel Ménard et Gwendoline Volat, les auteurs de l'étude de l'Insee sur les conditions de logement entre 2005 et 2010 (document PDF).
"Une personne seule qui vit dans un appartement où il y a cinq pièces : c'est une tendance qui s'est développée depuis 2000. Elle est devenue très courante", renchérit Yankel Fijalkow, sociologue urbaniste rattaché au Centre de recherche sur l'habitat, contacté par francetv info. Et elle a permis l'émergence d'une autre tendance : la colocation entre personnes âgées et étudiants, comme en témoignent les reportages du site 20 Minutes.fr et du magazine Pèlerin. "Mais cette tendance commence à émerger : on ne dispose pas encore de statistiques pour chiffrer cette évolution", souligne Yankel Fijalkow.
Danièle a songé à cette solution : accueillir un(e) étudiant(e) ne l'aurait pas dérangée. "Malheureusement, je n'ai pas une maison adaptée à un projet de colocation. Je n'ai qu'une seule entrée et qu'une seule cuisine. Faire des aménagements serait trop compliqué", regrette-t-elle. Au moment où elle a fait construire sa maison, elle pouvait difficilement imaginer qu'elle se retrouverait seule dans une grande maison au moment où il y a une pénurie de logements pour étudiants.
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