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Vidéo "L'État doit redevenir un État stratège", estime Véronique Bédague, co-animatrice du volet logement du Conseil national de la refondation

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Article rédigé par franceinfo
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Véronique Bédague a refusé le poste de Première ministre. "En tant que cheffe d'entreprise, je suis capable de changer la vie des gens. Nous allons créer 1 000 places en pension de famille d'ici 2026 pour sortir les gens de la rue", explique-t-elle.

Le Conseil national de la refondation (CNR) se penche sur la question du logement à partir de lundi 28 novembre alors qu'une proposition de loi anti-squat est examninée à l'Assemblée nationale. Véronique Bédague, directrice générale du promoteur Nexity, et co-animatrice, avec Christophe Robert de la Fondation Abbé Pierre, de cette grande consultation, espère sur franceinfo qu'elle débouchera sur "des décisions et des arbitrages". Elle défend "une politique du logement globale""l'État doit redevenir un État stratège". Selon elle, "il doit mesurer les effets des décisions qu'il prend et les accompagner", notamment en matière de rénovation thermique.

franceinfo : Les rapports sur le logement s'accumulent et pourtant on n'arrive toujours pas à en construire assez, qu'est ce qui pèche aujourd'hui ?

Véronique Bédague : Ce qui pèche, c'est la décision après les rapports. Le monde de l'immobilier s'est déjà engagé dans le rapport Rebsamen [pour la relance durable de la construction de logements publié en 2021]. Mais on a picoré deux-trois mesures et le rapport a été rangé dans une armoire. Le monde de l'immobilier va s'engager de nouveau mais à la fin de ce CNR il faudra des décisions et des arbitrages. Ce sont des questions d'équilibres difficiles à rendre mais il faudra des décisions.

Les conditions des crédits immobiliers sont en train de se durcir, est-ce que ça se ressent déjà dans les ventes ?

Les effets sont là. Au troisième trimestre, les ventes se sont effondrées d'un tiers. C'est énorme. Cet effondrement a lieu dans un silence absolument assourdissant. Au final, c'est tout le marché qui est impacté. En France, quand les logements ne sont pas réservés, nous ne commençons pas les chantiers. Il y aura donc encore moins d'offres sur le marché du neuf.

Et dans l'ancien ?

En parallèle, dans l'ancien, le marché de la location se bloque. Il y a de plus en plus de demandes et de moins en moins d'offres à la location. La situation ne va faire que s'alourdir avec les effets de la loi climat et résilience [sur la rénovation des passoires thermiques] qui va probablement faire sortir du marché de la location une partie non négligeable des biens qui devront être rénovés.

Le dispositif MaPrimeRenov' est parfois critiquée pour sa complexité. Est-ce que c'est le cas ?

Elle est complexe mais elle a quand même l'avantage de financer les études, ça permet d'enclencher le mouvement. Elle ne finance pas tout, avec un reste à charge de 15 à 20 000 euros pour les propriétaires. Et puis surtout, ce qui bloque, c'est la capacité de ceux qui font des travaux à le faire pour tout l'immeuble. Ce qui est efficace, c'est la rénovation de l'ensemble de l'immeuble, or, il n'est pas facile d'obtenir des décisions en assemblée générale de copropriétaires.

À partir de ce constat, peut-on réussir à lutter contre les passoires thermiques, à les rénover ?

On ne peut pas aller à la rénovation s'il n'y a pas une politique du logement globale. Il faut vraiment, et c'est ce que je vais tenter de porter au sein du CNR, une position de l'État qui doit redevenir un État stratège, qui doit mesurer les effets des décisions qu'il prend et qui doit les accompagner. L'État ne peut pas juste dire "il faut faire" et attendre que la main invisible du marché permette à chaque propriétaire de rénover ses biens.

Votre nom a circulé au début du quinquennat pour le poste de Premier ministre. Vous avez refusé le poste. Est-ce que vous regrettez aujourd'hui ?

En tant que directrice générale de Nexity, j'ai aussi les moyens de porter mes convictions. C'est un vrai pouvoir de réalité. En tant que cheffe d'entreprise, je suis capable de changer la vie des gens. Nous allons créer 1 000 places en pension de famille d'ici 2026 pour sortir les gens de la rue. J'ai une conviction profonde sur le logement. C'est au cœur de la vie des Français. Si on est capable de créer une France de bien logés, je pense qu'on retrouvera une cohésion sociale dont on a terriblement besoin.

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