: Reportage "Avec ce que j'ai, on ne me prend pas dans le privé" : à Marseille, le projet de loi sur le logement inquiète les locataires actuels de HLM
Il n'y a pas de barres ni de tours dans la cité Jardins-La Blancarde du 12e arrondissement de Marseille, mais des immeubles à petit loyer (500 à 600 euros) et des habitants soucieux. Dans le projet de loi présenté vendredi 3 mai en Conseil des ministres, le gouvernement prévoit de demander aux locataires d'un logement social de payer un surloyer dès un euro de dépassement au-dessus du plafond de revenus, ou même de quitter leur logement si leurs revenus dépassent de 30% le plafond.
"Ça m'inquiète, confie une habitante de ce quartier marseillais. Je fais des heures supplémentaires pour essayer d'arrondir les fins de mois donc je vais arrêter de les faire et je vais être à découvert. Et puis quand je ne pourrai pas payer, je ne paierai plus mon loyer." "C'est toujours pareil, s'énerve une autre habitante marseillaise, nous travaillons, nous payons nos loyers et si malheureusement dans un couple, il y a un euro qui va dépasser, on va dire de payer un surloyer ou alors on va être expulsé." Pour un habitant, "les HLM, c'est pour les gens qui n'ont pas un bon salaire. La personne qui gagne davantage, automatiquement elle ne va pas rester dans un HLM, elle va acheter." "Moi je sais qu'avec ce que j'ai, on ne me prend pas dans le privé. Alors comment on fait ?", s'alarme une autre habitante.
Une loi trop "sévère" ?
Une question que se pose aussi le bailleur Habitat Marseille Provence de la résidence : ce projet de loi signerait la fin de la mixité dans les HLM. "On ne peut construire, entretenir, réhabiliter que par les revenus locatifs. Si on a une population à risque, on risque d'avoir de gros contentieux et ça peut créer un problème économique", explique Patrick Pappalardo, président d'Habitat Marseille-Provence.
Actuellement, lorsque les revenus d'un locataire dépassent les plafonds de plus de 20%. Il paye un supplément de loyer de solidarité. Dans le projet de loi, ce surloyer s'appliquerait dès le 1er euro dépassé et ça change beaucoup de choses. "Ça nous paraît relativement sévère, explique Robin Hamadi, directeur de l'association régionale HLM Provence-Alpes-Côte d'Azur. Une personne seule qui occuperait un logement de 40 m2 de surface habitable s'il dépasse de 30 % le plafond de ressources, non seulement il pourrait se voir notifier un congé de la part de son bailleur social et le supplément de loyer solidarité serait d'environ 94 euros mensuels."
Les bailleurs sociaux demandent plutôt la construction de nouveaux HLM. Aujourd'hui, en Provence-Alpes-Côte d'Azur, il y a 15 000 demandeurs en plus chaque année pour seulement 6 500 nouveaux logements construits.
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