"Pas le temps", "pas l'intérêt" : le casse-tête de l'Unef pour convaincre les étudiants de manifester jeudi
L'organisation étudiante peine à mobiliser les étudiants contre la réforme de l'université, même à l'occasion jeudi d'une mobilisation plus générale contre les mesures gouvernementales.
Les salariés du privé et du public sont invités à faire grève et à manifester partout en France, jeudi 16 novembre, contre les réformes libérales du gouvernement. Pour la première fois depuis le début du quinquennat d'Emmanuel Macron, FO, la CGT, Solidaires, FSU et des organisations de jeunesses seront côte à côte. Les lycéens et les étudiants sont également invités par plusieurs de leurs syndicats à rejoindre les cortèges.
L'Union nationale des étudiants de France (Unef) lance notamment des appels à la mobilisation dans les médias et les universités depuis plusieurs semaines. La deuxième organisation étudiante de France a participé à toutes les manifestations sociales depuis le mois de septembre. Dans son viseur, entre autres, les nouvelles règles d'accès à l'université. L'Unef estime que le gouvernement a mis en place une sélection masquée. Mais la mobilisation étudiante reste très limitée pour le moment.
Des étudiants qui ne se sentent pas concernés
Dans le froid du matin, Abdulaye et Laura distribuent des appels à manifester, devant l'université Paris Diderot. "Bonjour, c'est un tract contre la sélection à l'entrée de l'université", lancent-ils vigoureusement aux étudiants qui passent près d'eux. Encore endormis, les écouteurs sur les oreilles, les jeunes prêtent vaguement attention à ces deux militants de l'Unef. L'un n'a "pas du tout" lu le tract, l'autre ne "[savait] pas" qu'une manifestation était organisée.
Globalement, le sujet des nouvelles règles d'accès à l'université leur parle peu. La manifestation, encore moins. "Je n'ai pas le temps !", lance l'un d'eux. Une élève hésite : "Je ne sais pas, j'ai un emploi du temps hyper chargé..." Certains assument le fait qu'ils ne s'intéressent pas au sujet. "Les réformes comme ça ne m'intéressent pas et je ne suis pas trop la politique. Je n'en vois pas l'intérêt."
Difficile de lancer un mouvement d'ampleur
Ce désintérêt peut, pour certains, s'expliquer par le fait que les étudiants ont déjà passé le cap de l'entrée à l'université. En majorité, ils ne sont donc plus concernés par ces nouvelles règles. Laura, présidente de la section locale de l'Unef, pense qu'ils doivent au contraire rester vigilants.
Par exemple, les personnes qui ont eu des problèmes avec APB cette année et qui vont vouloir se réorienter l'an prochain vont être complètement concernées par cette réforme.
Laura, présidente de la section parisienne de l'Unefà franceinfo
La tâche paraît donc difficile pour l'Unef, qui espérait depuis plusieurs semaines lancer un grand mouvement de la jeunesse contre le gouvernement, à la manière de Mai 68 ou de la mobilisation contre le CPE. Le calendrier complexe des manifestations, avec beaucoup de dates, a pu les perturber, analyse Laura. "Les étudiants sont un peu perdus au niveau de la visibilité et de la compréhension de quelle manifestation correspond à quoi." L'étincelle redoutée par le gouvernement n'a donc, pour l'instant, jamais eu lieu.
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