Grève des médecins hospitaliers : le syndicat Samu-Urgences de France souhaite "une enveloppe conséquente" pour "redonner la qualité de soins que chacun de nous mérite"
Dr Marc Noizet, président du syndicat Samu-Urgences de France, chef des urgences de Mulhouse, espère que le gouvernement débloque "une enveloppe conséquente pour pouvoir redonner cette attractivité et la qualité de soins que chacun de nous mérite", a-t-il expliqué lundi 3 juillet sur franceinfo.
Les médecins de l'hôpital public sont appelés à faire grève lundi 3 et mardi 4 juillet pour dénoncer le manque d'attractivité de leur profession et réclamer la revalorisation des gardes de nuit et de week-end. "C'est une question de salut national. On a souhaité mettre une enveloppe conséquente sur l'armée, j'espère que la santé de nos concitoyens sera aussi une nécessité".
Début janvier, Emmanuel Macron avait promis d'"ouvrir le chantier de la rémunération du travail de nuit" et de la "permanence" des soins, c'est-à-dire des gardes et astreintes. Pourtant, les discussions avec le ministère n'ont rien donné. "Nous sommes dans une impasse", a regretté Marc Noizet. Le ministère a "suspendu, depuis le 12 mai, toutes les réunions de négociations" sur "l'attractivité des médecins hospitaliers". Les médecins hospitaliers ne sont "pas des grévistes dans l'âme", mais "c'est une situation de ras-le-bol qui nous a amenés à rentrer dans ce mouvement de grève".
Une opération "zéro brancard"
La "première volonté" des syndicats, c'est de "rouvrir cette négociation qui est stoppée pour des raisons d'arbitrages financiers. La balle est dans le camp de l'économie et de notre Première ministre". Le cabinet du ministre François Braun assure qu'un plan global est en préparation pour redonner de l'attractivité à la carrière hospitalière. Mais il est en attente d'arbitrages "interministériels" avec Bercy et Matignon. "S'il n'y a aucune réponse de la part du gouvernement, nous déciderons probablement de renouveler un mouvement", a prévenu Marc Noizet.
Durant ces deux jours de grève, les syndicats ont appelé à une opération "zéro brancard". "Une action symbolique" durant laquelle "tous les patients" seront accueillis "comme d'habitude au fur et à mesure qu'ils vont se présenter, avec une priorité pour les urgences vitales". Mais contrairement à d'habitude, les médecins vont "refuser de les installer dans les couloirs comme c'est le cas le reste de l'année", a expliqué Marc Noizet. En temps normal, "nous faisons du surbooking. Nous avons parfois trois à quatre fois plus de patients que ce que le service peut tolérer", a-t-il insisté.
Parmi les revendications, il y a la revalorisation des gardes, des mesures destinées à rendre la grille salariale plus attractive. "Quel que soit le métier que vous effectuez, plus personne n'a envie de travailler la nuit et les week-ends. À l'hôpital public, c'est nous qui portons la quasi-exclusivité de cette permanence de soins pour le monde hospitalier. Donc, nous souhaitons que cela soit pris en compte en termes de pénibilité et de revalorisation financière pour que ce soit tellement intéressant que personne ne se pose la question d'y participer ou pas".
Aujourd'hui, 30 % des postes de médecins hospitaliers sont vacants, selon les chiffres de la Fédération des hôpitaux publics (FHF). Le nombre de candidats au concours de praticiens hospitaliers a encore baissé au printemps 2023. "L'hôpital est en train de saigner, c'est une hémorragie au goutte-à-goutte qui va s'accélérer parce que les professionnels sont épuisés et préfèrent aller exercer une profession là où les contraintes de nuit et de week-end sont moins importantes, et où la rémunération est meilleure". L'application de la loi dite "Rist", qui plafonne le revenu des médecins intérimaires travaillant à l'hôpital public, "a été un coup de semonce pour nous. Cela a provoqué de grosses difficultés pour de nombreux établissements qui travaillaient essentiellement avec des intérimaires et qui n'ont plus la capacité de fonctionner".
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