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SwissLeaks : terrorisme, corruption et banquiers peu scrupuleux... Les trois révélations qui embarrassent HSBC

Francetv info relĂšve trois accusations particuliĂšrement gĂȘnantes pour l'Ă©tablissement suisse. 

Article rédigé par franceinfo
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Le bâtiment de HSBC Private Bank, à Genève (Suisse), en août 2008. (DENIS BALIBOUSE / REUTERS)

Des informations personnelles concernant des milliers de clients, des notes rédigées par des banquiers, des mouvements sur les comptes... Plus de 140 journalistes issus d'une cinquantaine de médias, dont Le Monde, ont épluché les fichiers de la banque HSBC Suisse, volés en 2007 par l'ancien informaticien franco-italien Hervé Falciani.

Outre les noms de personnalitĂ©s du monde du spectacle, de la politique ou du business, cette gigantesque enquĂȘte du Consortium international de journalistes d’investigation (Icij) met en lumiĂšre des clients de la banque liĂ©s Ă  des activitĂ©s illĂ©gales.

Francetv info revient sur les informations qui embarrassent la filiĂšre suisse de l'Ă©tablissement bancaire.

Des clients qui auraient financé Oussama Ben Laden  

Dans ces fichiers figurent les noms de Saoudiens suspectĂ©s d'avoir financĂ© Oussama Ben Laden dans les annĂ©es 2000. "Des prĂ©sumĂ©s parrains de Ben Laden avaient placĂ© leurs fonds en Suisse, chez HSBC", rĂ©vĂšle en effet Le Temps.ch. Ces puissants Saoudiens, cheikhs et autres princes "apparaissent dans les fiches en tant que gestionnaires ou propriĂ©taires de grands conglomĂ©rats mondiaux", poursuit le site du quotidien. Or, "dans la plupart des cas", HSBC ne pouvait ignorer que ces personnalitĂ©s Ă©taient suspectĂ©es de financer le terrorisme, poursuit-il. "Dans au moins trois cas, il s’avĂšre que HSBC a poursuivi la relation bancaire avec des clients soupçonnĂ©s publiquement d’avoir financĂ© le terrorisme."

Et pour cause, leurs noms avaient Ă©tĂ© dĂ©voilĂ©s prĂšs de 13 ans plus tĂŽt, au cours de l'enquĂȘte sur les financements d'Oussama Ben Laden, ouverte dans la foulĂ©e des attentats du 11-Septembre 2001. Ces noms apparaissent dans les mĂ©dias regroupĂ©s sous le terme de "golden chain" ("la chaĂźne en or"). Le Temps cite notamment l'exemple d'un conglomĂ©rat saoudien, client d'HSBC dĂšs 1999 et explicitement mentionnĂ© dans l'enquĂȘte sur la "chaĂźne d'or" en 2003. Or, "entre 2006 et 2007, le mouvement des comptes de la sociĂ©tĂ© oscille aux alentours de 70 millions de dollars." 

Des nombreux clients controversés et "exposés politiquement"

"HSBC Private Bank [Suisse] a continué d'offrir des services à des clients qui avaient été cités défavorablement par les Nations unies, dans des documents légaux et dans les médias pour leur lien avec le trafic d'armes, les diamants de guerre ou la corruption", fustige encore l'Icij. Les journalistes citent en particulier des "dizaines de proches de politiciens, souvent de pays réputés pour leur corruption."

Parmi eux, certains sont des personnalités politiquement exposées, explique Le Temps. Le journal suisse nomme notamment Rami Makhlouf, cousin du président syrien Bachar Al-Assad. Il cite également l'ancien ministre haïtien Frantz Merceron ou encore l'ancien ministre égyptien du Commerce et de l'Industrie Rachid Mohamed Rachid, qui a été condamné à cinq ans de prison en juin 2011 pour abus de biens sociaux issus des fonds pour le développement du pays.

Des banquiers au cƓur du systùme de fraudes fiscales

Enfin, les enquĂȘteurs de l'Icij indiquent que les documents Ă©tudiĂ©s "mettent aussi fin au mythe selon lequel les banquiers suisses ne savaient rien, ou presque, du statut fiscal des comptes qu’ils gĂ©raient". En contradiction avec le discours des banquiers, les journalistes affirment dĂ©sormais que "l’argent non dĂ©clarĂ© a toujours Ă©tĂ© au cƓur des discussions entre les banques et leurs clients". "Tout a Ă©tĂ© fait pour que les fonds soustraits au fisc le restent. A la demande des clients, mais aussi Ă  l’initiative des banquiers eux-mĂȘmes", poursuit l'Icij, rappelant que la banque est poursuivie en France et en Belgique pour "fraude fiscale grave et organisĂ©e", "dĂ©marchage bancaire et financier illicite" et "blanchiment aggravĂ© de fraude fiscale".

"HSBC Private Bank (Suisse) SA a accueilli un certain nombre de clients qui n'Ă©taient pas entiĂšrement en rĂšgle avec leurs obligations fiscales", a admis la banque citĂ©e par Le Matin Dimanche.  Dans un article publiĂ© lundi par La Tribune de GenĂšve, l’Association suisse des banquiers assure pour sa part que les pratiques des banquiers ont changĂ© depuis que ces documents ont fuitĂ© en 2008. 

MĂȘme chose du cĂŽtĂ© de la filiale suisse d'HSBC. Elle a assurĂ© lundi avoir "changĂ©", aprĂšs les "manquements constatĂ©s en 2007", selon un communiquĂ© transmis Ă  l'AFP. "HSBC (Suisse) a entamĂ© une transformation radicale en 2008 pour empĂȘcher que ses services soient utilisĂ©s pour frauder le fisc ou blanchir l'argent sale", a ainsi indiquĂ© le directeur gĂ©nĂ©ral de cette filiale, Franco Morra.

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