Faute de contrôles sur le miel, les négociants français s'organisent contre les produits douteux
Selon les professionnels du miel français, un tiers des produits vendus en Europe seraient non-conformes. Faute de contrôle avant la mise sur le marché, les négociants s'organisent pour faire le tri.
Selon les professionnels du miel français, un tiers des produits vendus en Europe seraient frelatés. Le syndicat français des miels réclame des analyses avant la mise sur le marché. En attendant, de nombreux négociants procèdent eux-mêmes à des contrôles. Mais aucune signalétique sur le produit ne renseigne le consommateur.
Tous les pots de miel se ressemblent
Il y a les bons et les mauvais produits, prévient le syndicat français des miels qui regroupe douze conditionneurs. Ces négociants mettent en pot la moitié du miel vendu en France, en respectant, assurent-ils, une charte des bonnes pratiques. Thierry Lauvergeat, à la tête de Culture miel, commercialise une trentaine de variétés, mais jamais de miel chinois. "Il y a sans doute de très bons miels de Chine, mais ils n’arrivent pas jusqu’à nous. Je pense qu’ils les gardent", déclare-t-il. Thierry Lauvergeat estime qu'il ne se retrouve pas dans ce qu'il appelle "un grand fourre-tout, un produit coupé, un miel des mélanges", que lui ne commercialise pas.
J’estime que le consommateur doit savoir d’où vient son miel et ce qu’il y a dans le pot. C’est pour cette raison que nous privilégions tout ce qui est variété mono-floral.
Thierry Lauvergeat, responsable de la société Culture miel
Les conditionneurs estiment qu'il est possible de mener l'enquête sur les caractéristiques des produits. Certains se sont même organisés et équipés pour tout savoir. C'est le cas du poids-lourd du miel en France, la maison Michaud et sa marque Lune de miel. En 2016, l’entreprise a investi dans un laboratoire unique au monde. Vincent Michaud, quatrième génération à la tête de l’entreprise, assure que tout est détectable. Il compare les contrôles qu'il mène à "l’IRM pour le corps humain", afin de connaître tout ce qu'un miel contient.
On peut s’assurer de l’absence de contaminants, d’antibiotiques, de pesticides. On peut connaître l’origine florale, géographique, savoir s’il y a eu un rajout de quelque chose.
Vincent Michaud, à la tête de la marque Lune de miel
Une fois l'analyse effectuée vient l'heure du verdict. "Nous rejetons beaucoup de miels qui ne sont pas conformes. Ça peut dépasser 30%", déclare Vincent Michaud. "Le miel de marque, acheté dans un supermarché, a toujours fait l’objet d’un contrôle", assure le négociant, appelant à se méfier des produits qui passent en dehors des circuits de distribution et donc hors des analyses. Le leader français est même en train de répertorier tous les miels de la planète. Cette véritable banque de données, avec quelque 20 000 échantillons, servira peut-être à l’avenir à lutter contre les fraudes.
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