Rififi au Medef : Pierre Gattaz déclare la guerre à Laurence Parisot
Le président du Medef a adressé une lettre à sa prédecesseure lui demandant de respecter "son obligation de réserve" après qu'elle a exprimé certains désaccords avec le patron des patrons.
Rien ne va plus entre Pierre Gattaz et Laurence Parisot. Dans une lettre adressée à sa prédécesseure, et rendue publique par le journal Le Monde, mardi 6 mai, l'actuel patron du Medef se dit "choqué" par les récentes prises de position de celle qui a occupé le même poste, juste avant lui. Il lui demande de respecter "une obligation de réserve". Autrement dit de se taire, ou "à tout le moins" de ne plus s'exprimer publiquement sous le titre d'"ancienne présidente du Medef". Francetv info revient sur cette brouille en trois actes.
Acte 1 : Gattaz plaide en faveur d'un smic jeune
Le 15 avril, le président du Medef relance la polémique autour du smic et propose la création "d'un smic intermédiaire", inférieur au smic, "pour un jeune ou quelqu'un qui ne trouve pas de travail". Selon lui, "il vaut mieux quelqu'un qui travaille dans une entreprise avec un salaire un peu moins élevé que le smic, de façon temporaire et transitoire, plutôt que de le laisser au chômage".
Pour appuyer son propos, il cite l'avis de l'ancien directeur de l'Organisation mondiale du commerce, membre du PS. Le 2 avril, il a défendu l'initiative des "mini-jobs" allemands, des "petits boulots" payés en dessous du salaire minimum.
Acte 2 : Parisot dénonce une "logique esclavagiste"
Le même jour, l'ancienne présidente du Medef se fend de deux messages sur Twitter condamnant la prise de position de Pierre Gattaz. Elle évoque "une logique esclavagiste".
Ceux qui préconisent un salaire en dessous du #Smic pour favoriser l'emploi font une erreur d'analyse sur les véritables causes du chômage.
— Laurence Parisot (@LaurenceParisot) April 15, 2014
Proposer un salaire en dessous du Smic s'apparente à une logique esclavagiste.
— Laurence Parisot (@LaurenceParisot) April 15, 2014
"Laurence Parisot pourrait se montrer un peu plus loyale", glisse un proche de Pierre Gattaz au Monde. Toutefois, cette source affirme que le patron des patrons "n'a pas demandé à Laurence Parisot de se calmer : ça lui ferait trop plaisir".
Dimanche, 4 mai, elle clarifie son positionnement politique : "Je suis au centre, clairement au centre", affirme-t-elle dans l'émission "C Politique", sur France 5.
Acte 3 : Gattaz demande à Parisot de se taire
Le 6 mai, le président du Medef ;envoie une missive au vitriol à celle qui a dirigé le Medef de 2005 à 2013. Il lui demande de respecter "une obligation de réserve". Autrement dit de se taire, ou "à tout le moins" de ne plus s'exprimer publiquement sous le titre d'"ancienne présidente du Medef".
"Votre statut d’ancienne présidente du Medef et de présidente d’honneur vous impose, plus qu’à quiconque et comme à vos prédécesseurs, une obligation de réserve dans votre commentaire de l’action de notre institution", insiste Pierre Gattaz dans sa lettre, ajoutant qu'il est "toujours disposé à écouter [ses] remarques et conseils sur tous nos sujets, mais qu’il nous semblerait préférable que ces remarques se formulent en bilatéral plutôt que sur les ondes".
Acte 4 : Parisot envoie paître Gattaz
Invitée sur Canal+, mardi soir, Laurence Parisot a aussitôt répondu aux injonctions de Pierre Gattaz, précisant qu'elle ignorait l'existence de cette lettre.
"Il faut comprendre que le monde des chefs d’entreprises est un monde divers. Il y a plusieurs tendances. J’ai incarné et porté une certaine tendance, mon successeur une autre. Évidemment, j’ai toute liberté de parole sur tous les sujets que je connais plutôt bien", a-t-elle prévenu.
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